A Pertuis, un projet d'extension d'une zone commerciale crispe des agriculteurs locaux. Ils dénoncent une artificialisation des terres, en plein cœur de la Vallée de la Durance. Le maire de Pertuis évoque une opportunité industrielle face à une crise de vocation agricole.
C'est un projet qui a du mal à passer pour les agriculteurs de Pertuis : l'extention d'une zone commerciale, détruisant ainsi 86 hectares de terres agricoles.
Rassemblés samedi au Rond point du Gourre d'Aure à Pertuis, les collectifs des Soulèvements de la Terre, l'association Terres Vives et l'évènement Vivant !, sont venus dénoncer "un projet démesuré d'artificialisation des terres dans la vallée de la Durance".
Bernadette Cailleaux, de l'association Terres Vives ne décolère pas : " C'est un projet scandaleusement d’un autre âge : bétonner 86 hectares de terres agricoles ! Les élus ne devraient même pas y penser !".
Nous ne nous résoudrons pas à laisser s'étendre le béton vers l'infini, alors que les paysan.nes peinent à s'installer dans notre région (...) et que tant de gens ont des difficultés pour accéder à de l'alimentation saine.
Selon Bernadette Cailleaux, le projet est d'autant plus inacceptable, qu'il s'agirait de "terres très fertiles, cultivées à 75%". On y cultive des asperges, des pommes de terres. "C'est une terre qui a fait la réputation de la plaine de la Durance".
86 hectares de terres rachetés
La zone commerciale existante à Pertuis, est étendue sur près de 80 hectares. Depuis deux ans, l'Etablissement Public Foncier de la région rachète une partie des terres jouxtant ce périmètre, en vue d'un futur projet d'aménagement.
"Certains propriétaires ont vendu correctement leur maison, mais à d'autres paysans, on leur propose 1 euros du mètre carré. Alors qu'une terre agricole dans le secteur vaut plutôt 10 euros du mètre carré", explique Catherine Milard, des Soulèvements des Terres.
Contacté le jour même, Roger Pellenc n'avait pas donné suite à notre demande d'interview.
Un projet industriel et des emplois
"Ce projet ne se fait pas au détriment de l’agriculture pertusienne que nous soutenons de longue date", se défend le maire de Pertuis dans un courrier adressé à notre rédaction le 25 octobre.
Pour Roger Pellenc, le problème n’est pas le manque de foncier agricole "mais bien la crise de vocation que suscite le métier d’agriculteur". La commune de Pertuis disposerait ainsi de 500 ha de friches.
Toujours selon le maire de Pertuis, "plusieurs centaines d'entreprises" se seraient déclarées intéressées dans ce projet d'extension "considéré par l'Etat d'intérêt public". Ce projet industriel entrainerait des centaines de créations d’emploi à la clé.
Les collectifs ont porté un recours contentieux sur le projet. Ils espèrent empêcher l"'artificialisation" de ces 86 hectares de terre.