Il y a 40 ans, l’homme de culture tombe sous le charme de la bastide du Grand Pré, à Vitrolles-en-Luberon. Une demeure hors du commun, dont il retrace la longue histoire et la renaissance récente grâce à de nouveaux propriétaires. Le film est aussi l’occasion de sillonner le beau pays d’Aigues, en évoquant les personnages et les épisodes marquants qui ont jalonné son passé.
La plus belle maison du monde. C’est ainsi que Frédéric Mitterrand décrit la bastide du Grand Pré, qu’il découvre un peu par hasard, au gré de pérégrinations dans ce territoire du sud du Luberon.
"Elle était fermée et semblait à l’abandon. La propriétaire, une vieille dame charmante, m’a confié les clefs. J’ai pu admirer les pièces vastes et décorées de splendides gypseries, la vue qui donnait jusqu’à la Sainte-Victoire". Le coup de foudre est immédiat.
"Elle m’apparut comme un exemple de cette architecture à la fois noble et rustique qui caractérise les bastides et comme un spécimen particulièrement émouvant de l’art de vivre provençal des siècles passés " raconte encore le réalisateur. "Malgré son délabrement et les ravages faits par des cambrioleurs, ce fut pour moi aussitôt la plus belle maison du monde."
Frédéric Mitterrand y séjournera durant plusieurs saisons, avant de devoir la quitter. Mais il n’oubliera jamais cette demeure et son histoire singulière.
Au Moyen-Age, la bastide du Grand Pré était une maison forte où l’on casernait quelques hommes d’armes, car les chemins de montagne étaient dangereux, infestés de loups et de brigands.
Puis elle connaît la prospérité au 18ème siècle grâce à un médecin visionnaire : le Dr Jean d’Ailhaud invente une poudre purgative qui rencontre un grand succès à la cour de Louis XV et dans toute l’Europe.
Ce remède, réputé miraculeux, fait sa fortune. Il rachète ainsi la bastide qu’une veuve vient d’édifier sur les ruines de la maison forte.
Plus tard, la bastide vivra bien d'autres péripéties. Episodes sombres, comme les années de guerre où elle abrite sous Vichy un camp de travail pour la jeunesse, ou plus insouciants tel le tournage en 1960 d’un film culte, "Les loups dans la bergerie".
Grand Pré appartient également à la mémoire des lieux et des villages qui l’entourent : l’époque de la Réforme et des Vaudois persécutés, la peste qui ravagea les campagnes, la Révolution qui ruina le domaine de la tour d’Aigues, la vie aristocratique d’un superbe château tout proche que fréquentait Frédéric Mistral, puis le temps de la Résistance, de la milice et des maquis…
Episodes tragiques ou heureux, souvenirs héroïques ou lumineux, c’est tout cela que Frédéric Mitterrand conte dans "La belle endormie".
Une belle qui va s'éveiller doucement grâce à l’arrivée de nouveaux propriétaires, passionnés du 18ème siècle.
Eux aussi sont tombés amoureux des lieux et ont lancé un gigantesque chantier de restauration. La bastide retrouvera bientôt toute la beauté de son passé…
La belle endormie
Un film écrit et réalisé par Frédéric Mitterrand.
Une coproduction SK Médias / France 3 Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Diffusion jeudi 14 avril 2022 à 23h sur France 3 Provence-Alpes-Côte d’Azur.