Viols de Mazan. "Je sors du procès Pelicot, pfouuuuu", une avocate de la défense agite les réseaux sociaux

L'avocate de deux coaccusés de Dominique Pelicot dans le procès des viols de Mazan, sème le trouble sur les réseaux sociaux. Dans ses vidéos, elle se met en scène en marge des audiences et livre un point de vue sans filtre. Provocation maîtrisée ou dérive éthique, les internautes réagissent.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

"Lâchez votre téléphone, défendez en silence et respectez la seule et unique victime" : voici l'un des nombreux commentaires que l'on peut lire en réponse à l'une des publications de Nadia El Bouroumi, sur l'un de ses multiples réseaux sociaux. Un commentaire qui résume les principaux griefs des internautes envers cette remuante avocate du barreau d'Avignon, représentant deux des 51 coaccusés au procès des viols de Mazan. Ses selfies, souvent tournés au volant de sa voiture, son ton caustique et ses propos au vitriol, suscitent de nombreuses réactions. Une légèreté qui tranche face à la gravité des faits, jugés dans ce dossier.

Qui est Nadia El Bouroumi?

Son parcours, l'avocate le raconte dans un montage vidéo posté sur son compte Instagram, qui reprend les codes des biopics américains, musique dramatique, ralentis, rires et larmes, pour finir par la présentation de son livre "L'art de vivre en Haute exigence", du nom de son "institut" éponyme. Son histoire, Nadia El Bouroumi, la retrace, depuis son enfance dans une cité de Toulouse en passant par un mariage arrangé à 17 ans, un enfant à 19 et un veuvage à 26. Rien ne la prédestinait à "sa réussite", qu'elle doit, dit-elle, à sa " force créatrice", "après avoir connu la faim et les violences répétées". Dans un autre post, elle déclare avoir "été battue (sic) violée aussi plus jeune" et ne pas être devenue pour autant "haineuse à l'encontre de l'homme", revendiquant sa liberté et son indépendance vis-à-vis "du regard et du jugement des autres". En réaction, certains internautes demandent sa radiation de l'ordre des avocats.

"Je sors du procès Pelicot, pfouuuu"

Nadia El Bouroumi, multiplie ses apparitions sur les réseaux sociaux. "Je sors du procès Pelicot", poste-t-elle sur Tik Tok en sortie d'audience, mercredi 18 septembre. Elle accompagne son entrée en matière d'un long "pfouuuu", avant d'enchaîner, "on a diffusé des photos de Madame dans des positions qui posaient problème". Mettant clairement en doute la parole de la victime, quant à son état de conscience au moment des viols, elle tient à préciser que "c'est douloureux, pas agréable de visionner des photos d’une dame présente" dans l'assistance, mais affirme que les avocats de la défense "font leur taff". Elle conclut au sujet du principal accusé, Dominque Pélicot, sans le citer "lui, c'est un menteur, je te dis même pas". Un commentateur s'interroge : "où est l'éthique ? Il y a un problème de déontologie".

"Réveille-moi avant de partir"

Une vidéo en particulier soulève l'indignation des internautes. S'adressant "à tous les extrémistes de la pensée qui essaient de [la] museler", l'avocate se filme, installée au volant de sa voiture en train de danser, en faisant des mimiques, sur une musique enjouée du groupe Wham "Wake me up before you go go", en français, "réveille-moi avant de partir". Un choix d'illustration musicale, perçu comme une moquerie envers Gisèle Pélicot (endormie durant les viols), "maladroit" pour certains, qui en fait bondir d'autres, jugé "tellement horrible et sans respect". Un internaute s'indigne : "vous êtes avocate, pas une gamine influenceuse, reprenez-vous, au lieu de mettre votre médiocrité en spectacle."

Nadia El Bouroumi livre, elle, une autre interprétation : "cette chanson" serait destinée à "tous ceux qui doivent se lever tôt avant d'arriver à [la] faire taire". "La décence" de son attitude est questionnée dans un autre commentaire : "personne vous demande de ne pas faire votre travail. On vous demande simplement de ne pas vous dandiner (...) en lâchant des atrocités, pendant qu’une femme se bat contre ses 51 violeurs écroués".

"Je défends tout le monde, même les mal habillés"

De nombreux commentaires lui reprochent de défendre deux accusés dans ce procès, mais surtout de "minimiser le viol d’une femme", et de se moquer de Gisèle Pélicot. Un commentaire dénonce "un zèle malveillant, inutile au procès", la décrivant comme "une femme censée protéger les femmes qui défend deux violeurs". Un autre internaute l'invite à faire passer "les valeurs avant la notoriété", la soupçonnant de "défendre l’indéfendable" au nom du "business". Nadia El Bouroumi répond par la provocation dans une courte vidéo, qui se veut humoristique, qu'elle défend "même les mal habillés" : "tous les bien-pensants qui m'insultent, me dénigrent, en prétextant défendre une femme, s'acharnent sur une autre" écrit-elle alors. "Je suis l'avocat de l'humain".

Sa bienveillance, elle la revendique dans une autre "story", raillée en commentaire : "quelle plaisanterie quand on vous écoute en cette période… on dirait un sketch des Inconnus". 

La déontologie en question

Style décapant, ton irrévérencieux, gouaille populaire, propos populistes, l'avocate c'est certain, bouscule les codes. Jusqu'aux limites de l'exercice ? Elle affirme "être harcelée" pour avoir accepté de défendre des accusés, dénonce "la vindicte publique" et parle de "journalistes qui manipulent la pensée". Cette musulmane convaincue s'adresse d'ailleurs, dans une autre vidéo, à ceux qui "jugent trop vite", maniant la rhétorique religieuse sur une musique d'Edith Piaf. 

Dans la salle d'audience, certains journalistes présents rapportent avoir été surpris par sa manière de parler, lorsqu'elle s'est adressée avec véhémence mercredi à Gisèle Pelicot, pour lui rappeler que c'était elle, qui avait souhaité un procès public. "Elle a le verbe haut", confie une journaliste, "mais elle pose des questions pertinentes".

Quoi qu'il en soit, de nombreux commentaires s'amusent à rappeler, avec une once d’ironie, qu'enregistrer des vidéos avec son smartphone en conduisant son véhicule est potentiellement répréhensible et contraire au code de la route.

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information