Jean-Pierre M., 63 ans, est le premier coaccusé à avoir témoigné à la barre ce mercredi. Le résumé de cette nouvelle journée d'audience.
Une journée de tensions. Les audiences qui ont eu lieu, mercredi 18 septembre, devant la cour criminelle du Vaucluse ont été marquées par plusieurs épisodes tendus entre les parties civiles et les accusés. Pour la première fois étaient diffusées des photos retrouvées dans le disque dur de Dominique Pelicot. France 3 Provence-Alpes revient sur les trois moments forts de cette journée.
"C'est extrêmement humiliant" : l'emportement de Gisèle Pelicot
Durant cette nouvelle journée d'audience, Gisèle Pelicot s'est pour la première fois emportée, notamment face à une question d'un avocat de la défense, qui lui demande si elle n'aurait pas "un penchant exhibitionniste".
"C'est extrêmement humiliant, on essaie de me piéger, on veut que je sois coupable."
Gisèle Pelicotlors de son audience devant la cour d'Avignon
"C'était une épreuve, mais une épreuve qui était à la hauteur des enjeux, a réagi son avocat Stéphane Babonneau, face aux nombreux médias présents au procès. En acceptant que ces audiences, ce que Gisèle Pélicot a voulu, c'est que cela ne se passe pas derrière des portes fermées [...] Dans un procès pour viol, il y a des questions qui sont souvent très difficiles, qui parfois, donnent l'impression que l'on fait le procès de la partie civile, mais la défense a le droit de poser les questions."
>> Procès des viols de Mazan :"Je suis un violeur" lance Dominique Pelicot devant la cour
"Ma jeunesse, c'est la honte" : le témoignage de Jean-Pierre M., premier des 50 autres accusés
Le matin, le premier des 50 autres coaccusés, Jean-Pierre M.., 63 ans, a, lui aussi, reconnu être "un violeur", réclamant une "punition dure". Il est le seul à ne pas être poursuivi pour des agressions sexuelles sur Gisèle Pelicot mais sur sa propre épouse, entre 2015 et 2020. Il avait calqué sur elle le même scénario criminel élaboré par Dominique Pelicot.
Les deux hommes s'étaient rencontrés sur le site Coco.fr. L'accusé principal des viols de Mazan lui avait d'abord proposé de "violer" Gisèle "plusieurs fois". Mais "j'ai refusé", a affirmé Jean-Pierre M..
À la question de savoir si Dominique Pelicot lui avait bien précisé que Gisèle serait "droguée et qu'il cherchait un homme pour son épouse endormie et sous médicaments", il a répondu par l'affirmative, mettant à mal un argument régulièrement avancé par des avocats de la défense, selon lesquels leurs clients n'avaient pas été avisés de ce procédé.
"Je n'aurais pas connu monsieur Pelicot, je ne serais jamais passé à l'acte. Il était rassurant et imposant. Il me rappelait mon père", a-t-il confié, dévoilant une enfance marquée par des violences sexuelles.
@france3paca Ce mercredi 18 septembre se tenait l'audition de Jean-Pierre Maréchal, le "disciple" de Dominique Pelicot. #mazan #procès #justice ♬ son original - France3Paca
"Au début, j'avais peur, je ne lui donnais qu'un quart de médicament et M. Pélicot repartait déçu. Mais il était rassurant et imposant, alors j'ai continué", a-t-il raconté. En juin 2020, l'épouse de Jean-Pierre M. se réveille. "Je ne lui avais rien donné. C'était une manière lâche pour tout arrêter".
"Ma jeunesse, c'est la honte, l'alcool, le sexe, beaucoup de silence", a-t-il soufflé, sans s'épancher avant d'être relancé par son avocat. "On a vécu des actes horribles de mon père. De la violence sexuelle. Mon père, je ne l'appelais jamais 'papa' mais 'le père''".
Il a détaillé les fois où, enfant, il avait dû pratiquer des fellations à son père en guise de "récompense" pour pouvoir l'accompagner pêcher avec sa sœur. Il a également raconté les scènes de viols de son père sur sa mère auxquelles il a dû assister.
27 photos visionnées comme preuve
Pour la première fois depuis le début du procès, la cour a procédé aux visionnages de certaines preuves, retrouvées dans le disque dur de Dominique Pelicot. Au total, 27 photos où l'on devine sa femme éveillée, nue, dans des scènes de sexe, parfois accompagnée de deux hommes.
"Elles étaient prises à mon insu, s'indigne Gisèle Pelicot. J’étais probablement déjà sédaté". Pour certaines, Gisèle Pelicot affirme qu'il ne s'agit pas d'elle : "J'ai un grain de beauté au-dessus du nombril qui n'est pas sur ces photos".
Article rédigé avec Pauline Guigou.