Le Var compte 426 fermes bio ou en conversion pour un total de 11966 hectares. C'est le premier département bio de France. Plus de 18,2% de sa surface cultivée est en agriculture biologique. La production bio est incontestablement un atout pour le département et elle est en constante progression.
Prise de conscience
Malgré les difficultés et les contraintes de plus en plus d'agriculteurs tentent leur chance dans le bio. Comme Gilles Malinge, viticulteur en conversion à Lorgues depuis trois ans. Désormais sur les vingt hectares de son domaine, il lui faut arracher les mauvaises herbes, sous les vignes, à la main. Un travail qu'il faut parfois recommencer. Car en bio, pas de recours aux désherbants ni aux insecticides. C'est une des conditions indispensables pour obtenir la certification bio.Pour cet agriculteur, le bio est une nécessité :
L'agriculture à Papa c'est terminé, les industries pharmaceutiques à l'époque poussaient, poussaient pour vendre du produit. Tout le monde en a balancé plus que de raison pendant des décennies et des décennies avec les problèmes de santé qu'on connaît donc, tout ça aujourd'hui c'est fini. Heureusement."
Oïdium et mildiou
Pour certains, le passage au bio s'impose comme une évidence quand il s'agit de combattre l'ennemi N°1 des viticulteurs, comme l'explique Stéphane Meissonier, chef de culture :L'année 2011, on a eu beaucoup de mildiou dans les vignes, alors qu'on était en conventionnel. Je me suis dit quitte à se faire avoir par le mildiou, autant être en bio, on se fera avoir...mais au moins, on aura le plaisir de ne plus utiliser de produits chimiques. "
Le Var compte désormais plus de 3.500 hectares de vignes bio mais ce n'est pas la seule culture concernée. De plus en plus de maraîchers se mettent au vert. Non sans difficultés. A l'exemple de Virginie Sicard, à Cabasse, qui s'y est mise au printemps dernier, elle se bat régulièrement contre les maladies comme l'oïdium qui touche son exploitation :
ça c'est l'oïdium, ça fait des taches blanches sur le dessus de la feuille. Et ensuite la feuille sèche, brunit. C'est un champignon, une maladie cryptogamique (fongique)."
Insecticides contre huiles essentielles
Pour faire face, cette agriculture utilise des huiles essentielles. Et voici sa recette :Ail contre pucerons et différents insectes et contre l'oïdium qui touche essentiellement les courgettes et les melons. Ensuite il y a le serpolet, l'origan et la sariette..."
La méthode est expérimentale mais elle semble faire ses preuves. L'agricultrice est épaulée par une spécialiste du bio. Sophie Dragon directrice d'Agribiovar vient régulièrement à ses côtés pour suivre pas à pas ses avancées.
Beaucoup de choses sont basées sur la prévention. Et finalement il y a assez peu de moyens de lutte contre les ravageurs et les maladies... ça nécessite une grande observation, très très fine... donc beaucoup de temps de la part du producteur pour pouvoir toujours anticiper les problèmes."
Aujourd'hui cette agricultrice varoise ne tire pas encore de salaire de son exploitation. Elle se donne cinq ans pour y arriver:
"C'est dur, c'est physique, c'est dur financièrement mais c'est du bonheur chaque jour."
Pour son projet Viriginie Sicard a reçu 17 000 euros d'aides de l'Etat et de l'Europe. Pour elle, pas de doute possible, l'avenir sera bio.