S’attache-t-on à son établissement scolaire ?

L’établissement scolaire est le premier lieu de la vie sociale de l’enfant. Les enfants passent beaucoup de temps à l’école et à l’âge adulte, il reste ancré dans nos mémoires. Un lieu à la fois intime et riche en histoire comme à l’institut Saint-Lô à Agneaux.
 

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2 septembre : la rentrée a sonné, les élèves ont repris le chemin de l’école pendant que d’autres reviennent sur leurs traces, 36 ans après, à l’institut Saint-Lô à Agneaux, un établissement mixant maternelle, primaire, collège et lycée.
 

Un lieu chargé d'émotions

Que l’on soit bon ou mauvais élève, que l’on aime ou non l’école, on ne peut oublier ses années d’enfance passées à l’école. Un établissement scolaire est bien plus qu’un simple patrimoine. Au-delà de l’enseignement pur, celui-ci évoque pour nous tous, des souvenirs d’enfance comme l'évoque Marie Halopeau, réalisatrice du documentaire "Mon cher bahut":

Mon enfance accrochée sur les murs, depuis plus de trente ans, dans le couloir étroit de mon appartement parisien, toutes mes photos de classe s’affichent fièrement.

Marie retrace son passé à travers des photos en noir et blanc et en retournant à l’institut Saint-Lô à Agneaux où les souvenirs lui reviennent, les souvenirs d’une époque joyeuse.
Le mur de l’école réveille les pensées, une sensation d’autrefois. Certainement, un gain de nostalgie comme l’affirme Yann, le frère de la réalisatrice :

Pour chacun l’école c’est aussi cela, c’est cette enfance que l’on tente adulte de retrouver.


Grâce à l’école, on se créait une personnalité, c’est l’endroit où l’on se construit. Au-delà de l’enseignement, on rencontre ses premiers amis, on partage de bons moments. On se souvient tous de la chorale, des joies dans la cour de récréation, des spectacles de fin d’année, de ses premiers amours. Pour Marie Halopeau :

Il reste quelque chose ici de précieux, le souvenir d’avoir été heureux.


A travers le documentaire "Mon cher bahut", ce sont les traces de son enfance qui ressurgissent 36 ans plus tard.
En effet, la réalisatrice revient sur son parcours et celui de ses parents. Pour elle, l’école est un peu comme une seconde maison. Elle avait ses repères étant enfant d’autant plus que sa mère était enseignante à l’institut Saint-Lô et qu'elle a vécu dans cet établissement. Marie n'oublie pas son passage de l’école maternelle à l’école élémentaire qui a été marqué par la séparation définitive de ses parents.

C’est dans ces années-là, je crois, que l’institut est devenu notre seconde maison ; comme un repère pour notre famille, un brin disloqué.



Aujourd’hui, l’institut a changé, il est difficile parfois de reconnaître les pièces surtout lorsque l’on revient sur les traces du passé de l’institut.
 

 

Un lieu chargé d'Histoire

 L’histoire commence en 1909 lorsque le bâtiment actuel sur la colline du Varroc à Agneaux fut créé, sous l’impulsion du père oratorien Gustave Savary. Les enseignants rassemblaient des prêtes et des laïcs. La majorité des élèves étaient pensionnaires. Au départ, l’institut accueillait des garçons issus de la bourgeoisie catholique normande et parisienne. Ce recrutement bourgeois s’estompe peu à peu dans les années 50, pour s’ouvrir à d’autres milieux sociaux notamment en 1963 quand l’institut devient un établissement privé sous contrat d’association avec l’état.


Lors de la bataille de l'Yser qui a débuté le 8 octobre 1914, le collège de l’institut Saint-Lô a accueilli un régiment de jeunes recrues belges. Ainsi, la chapelle a pu bénéficier du savoir-faire de ces soldats pour achever cet édifice. La chapelle fut bénite le 24 décembre 1914 où 800 soldats belges se sont réunis pour chanter la messe de minuit. Entre 1914 et 1919, la chapelle était surnommée « l’hôpital 36 », qui laissera passer plus de 6 000 malades.
 

Nouveau rebondissement pour l’institut, le 17 juin 1940, où l’armée allemande s’installe dans l’établissement. Quelques jours plus tard seulement, l’établissement devient un camp de prisonniers. Les allemands exploitent ces prisonniers arrêtés à Cherbourg, pour construire des miradors et pour réaliser des travaux de défense. Pour éviter d’être repéré, ils recouvrent l’institut de noirs.
Autre date clé : le 6 juin 1944. Le débarquement sur les plages de Normandie est le symbole de la victoire à venir mais il marque aussi le début de terribles bombardements qui vont anéantir de nombreuses villes normandes comme c’est le cas à Saint-Lô, une ville détruite à 95%. Le constat est lourd : on compte près de 500 victimes sous les décombres de la ville, dont 12 élèves et professeurs de l’institut. L’institut est gravement dégradé, la chapelle est en partie détruite. L’église Notre-Dame porte les cicatrices de la guerre. Saint-Lô fut baptisé « la capitale des ruines ».
 

Marquée par les deux guerres mondiales, la ville renaît peu à peu de ses cendres après la libération, mais l’institut Saint-Lô est à nouveau impacté par la manifestation de mai 68.

Le 13 mai 68, les Saint-Lois et les syndicats décident de réagir face à la répression policière dans la capitale. Très vite, la petite préfecture est envahie par près de 2000 personnes. Même si l’institut reste ouvert, le pensionnat ferme ses portes. C’est à ce moment que l’institut est confronté à une crise. Il n’y avait plus de confiance, les relations entre les professeurs et les élèves s'avéraient difficiles. Les élèves jetaient toute autorité.
 

Marqué par les faits historiques, l’institut Saint-Lô a joué un rôle essentiel dans la vie de la réalisatrice Marie Halopeau. Le documentaire « Mon cher bahut » fait tout naturellement écho à tous qui sont ou ont été élèves, à l’institut Saint-Lô ou ailleurs.

 
Mon cher bahut
Découvrez le documentaire de 52'
Lundi 9 septembre 2019 en seconde partie de soirée
Rediffusion le vendredi 13 septembre à 09h15

Un documentaire réalisé par : Marie Halopeau
Coproduction : The Prod et France Télévisions
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