S’habiller en seconde main : un phénomène de mode ?

Le marché des vêtements de seconde main est estimé à 1 milliard d’euros en France en 2018. Une tendance qui ne risque pas de passer de mode : d’ici dix ans, la part des articles de seconde main aura doublé dans nos armoires.
 

C’est l’application mobile incontournable depuis plusieurs années en France : Vinted. Son principe est simple : « Tu ne le portes pas ? Vends-le ! ». La start-up lituanienne, lancée à Vilnius en 2008, compte 21 millions d’utilisateurs dans le monde. Parmi eux, 9 millions sont français, faisant de l’hexagone le marché principal de la plateforme. Chaque jour, 23 000 nouveaux comptes se créent pour vendre en seconde main des pulls, des sacs, et autres chaussures !
Découvez dans cette vidéo le phénomène du seconde main et sa formidable croissance économique : 
 


Mais qui sont ces accros à la friperie écolo?

Les utilisateurs sont majoritairement des femmes. Près de 60% ont entre 18 et 29 ans. Lydia a 21 ans. Elle est étudiante de en région parisienne : « J’arrive à boucler les fins de mois plus facilement, et cela me permet d'équilibrer mon budget », explique-t-elle. Elle été convaincue d’utiliser la plateforme suite à la campagne promotionnelle dans le métro. En effet, pour s’imposer, l’application a dépensé « plusieurs millions d’euros dans les achats publicitaires » avoue son PDG, Thomas Plantenga.

Chaque jour, 400 000 nouveaux articles sont mis en ligne. La revente de vêtements de seconde main séduit aussi par son aspect éco-responsable. Depuis 1 an, Meryam, habituée de l’application n’utilise que Vinted pour remplir sa garde-robe : elle vend, achète, et répond dans la minute sur l’application. La jeune femme souhaite que son armoire devienne « 100% seconde main » d’ici 1 an.
 

S’habiller éthique ?

Des indépendants poussent encore plus loin le concept de seconde main. A Lyon, Marion a lancé Ethic 2 Hand, un site de « produits éthiques ».  Depuis avril dernier, la plateforme gérée seulement par cette jeune femme draine 3000 fidèles mensuels, avec un panier moyen de 40 euros. Le principe est simple : vous photographiez l’article que vous souhaitez vendre et son étiquette, puis Marion décide si votre vêtement peut apparaître sur son site.

La jeune femme tranche selon plusieurs critères : l’emballage, la matière, le label, mais «surtout le respect des conditions de travail des employés », confie-t-elle. Depuis plus de 2 ans et demi, elle a adopté un mode de vie « zéro déchets », consomme local, et c’est dans cette logique qu’elle a cherché à s’habiller en étant respectueuse de la planète.

Choisir des vêtements éthiques coûte-t-il plus cher pour autant ? « Les vêtements de Zara, H&M durent beaucoup moins dans le temps que les miens ! » rétorque-t-elle. Pour faire face aux géants de la revente en seconde main, Ethic 2 Hand mise sur la « communauté zéro déchet ». Pour en tirer un léger bénéfice, et parce qu’elle ne veut pas de publicité sur son site, Marion s’accorde une commission de 10% pour les particuliers, et de 20% pour les marques. Pour le moment, pas de quoi en vivre pour la jeune femme, qui fait face à la concurrence féroce des géants de la revente en seconde main. 
Découvrez le témoignage de Marina, créatrice d'une boutique vintage soucieuse de promouvoir la mode durable:
 

Economie : comment les géants dominent

Face aux indépendants et aux petits sites, un géant traverse les années tout en cherchant à s’adapter : Le Bon Coin. En 2018, la compagnie comptait 28 millions d’annonces « mode », soit 16% du nombre total d’articles en ligne sur ses serveurs. Seul problème : les annonces étaient réparties dans de trop nombreuses catégories, et il était compliqué de s’y retrouver pour acheter facilement en seconde main.
Fondé en 2006, le site a décidé se moderniser : moins de catégories en ligne pour mieux se repérer.

Avant la nouvelle version du site, « on constatait un gros succès des articles mode…à notre grande surprise !  (…) Depuis, la modification du site, on constate un succès grandissant de la mode chez nous ! »,  confie Caroline Grangié, responsable des relations médias chez Le Bon Coin.

Au delà de l’adaptation, Le Bon Coin a aussi misé sur l’expansion, et la professionnalisation. Pour s’installer sur le marché du vêtement de seconde main, le site a décidé de racheter Vide Dressing en novembre 2018.  Sacs et vêtements de marque, bijoux et montres : avec l’acquisition de Vide Dressing, Le Bon Coin entend ne pas se laisser distancer sur le marché de la mode de seconde main. Véritable expert en matière de revente, Vide Dressing s’apparente davantage a un site de e-commerce, avec une garantie satisfait ou remboursé et une amélioration du service rendu aux utilisateurs sur le plan des modalités de paiement, de la livraison, et de la lutte contre les contrefaçons.

Dans son livre "Une mode éthique est-elle possible ?", la sociologue Majdouline Sbai montre qu’en 20 ans, les Français ont doublé leur consommation de vêtements mais que 30 % de leurs achats ne seront jamais portés. 600 000 tonnes de textile sont ainsi jetées chaque année. A l’heure d’une prise de conscience planétaire sur le dérèglement climatique, s’habiller en seconde main peut devenir une mode durable…
 

 

Ce que vous ne savez peut-être pas sur vos vêtements

Pour fabriquer un tee-shirt, il faut l’équivalent de 70 douches. En 2018, un Français jette plus de dix kilos d'habits par année, un américain plus de 30 kilos.
Au début des années 2000, la fast fashion fait son arrivée. Des enseignes passent des traditionnelles collections printemps-été et automne-hiver à 52 collections…soit 1 par semaine. Pour fabriquer un jean, il faut 7 500 litres, soit l’équivalent de l’eau bue par un humain pendant…7 ans.


Article écrit par Nacer Boubekeur, Gwendoline Lobo et Virginie Bétille.



 
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