Strasbourg, Nice, Marseille : quelle vie pour les rescapés d'un attentat ?

Le11 décembre 2018, Cherif Chekatt a tué 5 personnes et blessé 11 autres dans les allées du marché de noël de Strasbourg. A l'occasion de ce triste anniversaire,  le témoignage de rescapés et de familles de victimes d'attentats, permet de comprendre comment se construit l'après.

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"Un ange gardien m'a protégée, ce n'était pas mon heure, pas mon destin". Un an après l'attentat de Strasbourg, Martine Winterberger est toujours tiraillée entre deux sentiments ambivalents, le bonheur d'être en vie et la culpabilité d'être toujours en vie. Le tueur lui a tiré dessus, mais par miracle, elle a été seulement blessée. "Ce n'est pas une chance, j'ai toujours beaucoup de mal à accepter de ne pas être morte" explique-t-elle. "Il y avait des gens à côté de moi, deux monsieurs plus jeunes que moi qui sont décédés, j'aurai dû partir avant eux".

Comme une thérapie, Martine Wintenberger a participé au mois de novembre au congrès international des victimes du terrorisme à Nice, une ville elle aussi  meurtrie (le 14 juillet 2016, 86 personnes ont été tuées lors d'une attaque terroriste au camion-bélier sur la promenade des anglais. Près de 500 personnes ont également été blessées). "Je veux porter un message de résilience et de gentillesse et de compassion. Et si on s'arrête sur ces tristes événements, on n'arrive pas à se reconstruire. Mon devoir est presque d'être là et de participer, de témoigner. De dire qu'il y a une autre vie après l'attentat", déclare-t-elle.
 

A Marseille, le combat d'une mère

Sylvie Harel était aussi à Nice pour participer au congrès international des victimes du terrorisme, qui a réuni plusieurs centaines de personnes, venues du monde entier. En octobre 2017, sa fille de 20 ans, Mauranne, fait partie des deux victimes de l'attentat de la gare Saint-Charles de Marseille, une attaque revendiquée par l'organisation Etat Islamique. L'autre victime est sa cousine, Laura, âgée de 21 ans. Deux ans après le drame, elle accepte de témoigner, très en colère contre le système judiciaire notamment.

Car l'assaillant, arrêté pour vol quelques jours avant son passage à l'acte, aurait dû être expulsé vers la Tunisie. Mais à cause d'un problème administratif, il a été libéré. Depuis, les familles de victimes se battent pour que la responsabilité de l'Etat soit reconnue. "Ce qui nous guide et nous anime, c'est que ce qui est arrivé à nos filles ne se reproduise plus" explique Sylvie Harel."Le meurtrier a été libéré alors qu'il ne devait pas l'être. C'est inaceptable, il y a une procédure en cours, des échanges de mémoires en nos avocats et le ministère de l'intérieur. Nous sommes très en colère et nous irons jusqu'au bout".

Le jour des obsèques de sa fille, Sylvie Harel a délivré un message d'amour et de tolérance. Malgré la colère et le chagrin, c'est avec cet état d'esprit qu'elle tient, qu'elle peut se battre pour les autres victimes et surtout, qu'elle arrive à continuer à vivre et à être forte pour ses trois autres filles. Pour elle, ne pas être rempli de haine et de colère est essentiel pour se reconstruire et aller de l'avant. "Tout est difficile, mais j'ai trois filles et elles, elles ont le droit de vivre" rajoute-t-elle.

 
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