C'est une première, dans les Pyrénées-Orientales. Confronté au problème de la transmission de son entreprise, estimée à 40 millions d'euros, le patron du camping Le Brasilia à Canet-en-Roussillon, qui n'a pas de descendants, a préféré tourner le dos aux investisseurs pour créer une fondation, plus en accord avec ses valeurs.
A Canet-en-Roussillon, à l'heure de prendre sa retraite, le propriétaire d'un célèbre camping de luxe vient de refuser l'offre de rachat de 40 millions d'euros, faite par un fonds de pension. Il veut qu'après lui, son établissement idéalement situé entre le littoral de la Méditerranée et le fleuve la Têt, à proximité du port de Canet, soit aussi dédié à l'accueil d'enfants privés de vacances.
60 ans de souvenirs catalans
Dans le livre des souvenirs de Roger Pla, 73 ans, il y a des visages. Ceux de ses parents, des employés, des clients fidèles du camping depuis bientôt 60 ans… la grande famille du Brasilia.
Une histoire d'amour et professionnelle qui commence par une idée visionnaire du père de Roger en 1963.
"J'ai 13 ans, je suis pensionnaire à Toulouse et ma mère me conduisant à la gare m'explique : ton père a décidé de créer un camping. Et où ça ? A la vigne de la mer. Voilà comment a commencé l'aventure en 1963".
Roger Pla, président du Brasilia.
VOIR notre reportage à Canet-en-Roussillon.
Depuis, le Brasilia a bien grandi. 15 hectares, 700 emplacements, une réussite qui force l'admiration de toute la profession.
Roger refuse l'argent des fonds de pension
Mais à 73 ans, Roger Pla se retrouve à la tête d'une entreprise estimée à 40 millions d'euros, sans héritier.
Alors que faire ? Succomber aux sirènes financières des fonds de pension, comme d'autres campings des Pyrénées-Orientales et de l'Aude ? Pas question, pour ce patron qui place l'humain au coeur de toutes ses actions.
"Je ne veux pas vendre le camping et surtout avoir cette entreprise qui parte à la découpe dans les années à venir. Aujourd'hui, une entreprise ce n'est pas qu'un bénéfice, ce n'est pas que des dividendes, c'est aussi une responsabilité sociale et environnementale".
Roger Pla.
La solution juridique de la "fondation"
Alors, Roger Pla mise sur ces valeurs, en choisissant de léguer petit à petit ses dividendes à la fondation qu'il vient de créer et qui est entrée au capital du Brasilia.
"Ce n'est pas le capital, ce n'est pas ça qui m'intéresse, c'est la continuité de l'épanouissement de l'homme dans l'entreprise".
Cette fondation se donne pour mission de protéger le littoral, le patrimoine canétois, et d'offrir des vacances aux enfants défavorisés. Et son statut social et juridique permet une transmission sans vente.
Une fondation est une personne morale de droit privé, à but non lucratif, créée par un ou plusieurs donateurs, eux-mêmes pouvant être des personnes physiques ou morales, pour accomplir une œuvre d'intérêt général. Les fondations sont rattachées à la famille des structures composant l'économie sociale.
Avec cette fondation, une première catalane, Roger Pla veut inspirer d'autres chefs d'entreprises à suivre ses traces... humanistes.