Comme à Sivens et Notre-Dame-des-Landes, les opposants au Center Parcs de Roybon s'installent sur le chantier

Manifestations, dégradations sur le chantier et recours en justice: les opposants au Center Parcs de Roybon (Isère) multiplient les actions contre ce projet de village de vacances qualifié de "carnage" pour l'environnement. Ce dimanche, certains se sont même installés sur le site. Un nouveau Sivens?

Ce dimanche 30 novembre, plusieurs centaines de personnes ont manifesté dans la forêt des Chambaran, en Isère. Organisé par le collectif Zad, comme zone à défendre, c'est au moins le troisième rassemblement contre le projet dans la région depuis le lancement des travaux de défrichement, le 20 octobre.

Reportage de Marion Feutry, Florine Ebbhah et Frédéric Cathelain


Des opposants avec leurs matelas

Cette fois, des manifestants avaient pris avec eux leurs matelas et quelques provisions. Leur objectif? S'installer durablement sur le chantier pour le perturber, voire empêcher son avancement. Pour ce faire, les opposants ont pris possession d'une vieille maison forestière avec la ferme intention d'y rester et de créer une véritable ZAD à la manière de ce qui s'est fait sur le site du futur aéroport de Notre-Dame-des-Landes, près de Nantes, ou du barrage de Sivens. 


Le chantier de Roybon est, en outre, l'objet de "harcèlement" et d'actes de "vandalisme" presque "toutes les nuits", avec des clôtures détériorées, des piquets de géomètre déplacés et un incendie de matériel, selon Éric Magnier, directeur grands projets du groupe Pierre & Vacances - Center Parcs. "On est obligé de déplacer les engins de défrichement toutes les nuits", précise-t-il, indiquant que les travaux ont déjà pris 15 jours à trois semaines de retard.

La situation "est en train de passer au stade d'un nouveau Sivens", estime Francis Meneu, président de la section iséroise de la FRAPNA (Fédération Rhône-Alpes de Protection de la NAture). La référence aux manifestations contre le barrage de Sivens (Tarn) ou l'aéroport Notre-Dame-des Landes (Loire-Atlantique) revient régulièrement dans la bouche de ces opposants, qui espèrent provoquer un débat national sur le dossier.

697 emplois créés 

Le Center Parcs de Roybon doit réunir un millier de cottages, des commerces et des restaurants autour de l'"Aquamundo", une bulle transparente maintenue à 29°c, avec piscine, jacuzzi, etc. "Pourquoi détruire toute cette nature pour créer un environnement artificiel sous une bulle tropicale?", demande Stéphane Péron, président de l'association d'opposants "Pour les Chambaran sans Center Parcs" (PCSCP). Il parle d'un "carnage" pour l'environnement. Avec la FRAPNA et la Fédération de pêche de la Drôme, son association a déposé un recours en référé au tribunal administratif de Grenoble pour faire arrêter l'abattage des arbres qui touche déjà plus de 30 hectares. Une audience est prévue le 12 décembre.

A l'issue des travaux, le site s'étendra sur 150 hectares, soit "0,42% de la superficie totale de la forêt", souligne le groupe Pierre & Vacances, qui met en avant aussi 697 emplois créés et des retombées fiscales pour les collectivités locales.

Des arguments qui ont convaincu une grande partie des élus isérois, de droite comme de gauche, au premier rang desquels le secrétaire d'État André Vallini (PS), ancien président du conseil général. "Les commerçants attendent Center Parcs avec impatience. On a besoin d'activité économique. Sous prétexte qu'on a 33.000 hectares de forêt, on ne va pas rester à regarder tomber les châtaignes à l'automne", fait valoir Marcel Bachasson, conseiller général (UMP) et ancien maire de Roybon (2001-2014).

"Dix fois Sivens !"

Lancé en 2007, le projet a été maintes fois retardé par des recours en justice. Aujourd'hui, les opposants s'appuient sur les conclusions de la commission d'enquête publique au titre de la loi sur l'eau, qui a rendu à l'unanimité un "avis défavorable" au projet en énumérant 12 critiques. Qualifiant le projet de "rédhibitoire", elle a notamment pointé l'absence de débat public et un impact sur les zones humides évalué "a minima" entre 110 et 120 hectares. 

"Dix fois Sivens!", crient les opposants. "C'est une aberration. Le lieu d'implantation est le point de naissance de deux rivières. C'est un espace entièrement naturel et jamais impacté par l'homme en 700 ans", souligne Francis Meneu. Pierre & Vacances assure au contraire avoir conçu le projet "dans le plus grand respect de l'environnement", selon Éric Magnier, qui dénonce des "contre-vérités" et évoque seulement 76 ha de zones humides détruites.

La construction des résidences doit commencer à l'automne 2015. S'il voit le jour, fin 2017, le Center Parcs de Roybon sera le sixième en France et le 25e en Europe.
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