Il a été grièvement blessé le 27 décembre dernier, au cours de la manifestation devant la Préfecture de l'Isère. Ce jour-là, pompiers et CRS s'étaient violemment affrontés. Quentin avait reçu un tir de flash ball dans l'oeil. Aujourd'hui il porte plainte et doit rencontrer la police des polices.
Quentin Charron est sorti de l'hôpital vendredi, après huit jours et une opération difficile. En dépit d'une intervention de quatre heures, il a perdu son oeil. "Le verdict est clair, mon oeil est fichu. Même s'il y a une récupération de un dixième, avec un dixième on n'y voit rien " a expliqué le pompier lors de son entretien avec France 3 Alpes. "Mon avenir chez les pompiers, ce qui me tient à coeur au quotidien, est très certainement fichu". "Travailler pendant 30 ans de façon sédentaire dans des bureaux, sans monter dans les camions, ça va être très difficile pour moi"...
Le jeune homme raconte cette journée du 27 décembre devant la préfecture de l'Isère. "On était en pleine guérilla urbaine", a-t-il expliqué, visiblement encore choqué. "Ca pétait dans tous les sens", "j'observais pour voir ce qu'il se passait, je me suis rapidement dit que c'était trop dangereux... "J'ai voulu repartir vers la place de Verdun, et c'est alors que j'ai reçu un choc d'une violence extrême. Je me suis mis à dégouliner du sang, il y en avait partout".
Quentin Charron n'a pas souhaité échanger avec sa hiérarchie. "Mes supérieurs veulent me rencontrer mais pas moi, c'est trop frais", explique-t-il, "je ne suis pas prêt à faire ce pas". Le pompier considère que sa hiérarchie a "sa part de responsabilité". "C'est pas eux bien sûr qui ont tiré le projectile qui m'a blessé" ajoute-t-il, "mais on est descendu dans la rue pour exprimer des idées..."
Le pompier de 31 ans a été entendu le matin par l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) de Lyon. "Il s'agit d'abord d'en savoir plus sur le déroulement des faits, puis de déterminer une éventuelle responsabilité pénale, s'il y a eu faute", a indiqué Jean-Yves Coquillat, le procureur de la République de Grenoble.
"Sur l'origine de la blessure, il convient d'être très prudent", a ajouté le magistrat, qui a confié à l'IGPN de Lyon une enquête préliminaire, ouverte pour faire la lumière sur les circonstances du drame.
Vendredi 27 décembre, des incidents avaient éclaté entre les forces de l'ordre, CRS et gendarmes mobiles, et quelque 150 sapeurs pompiers isérois venus manifester devant la préfecture de l'Isère contre la réforme de leur temps de travail.
Touché à l'oeil par un projectile, le jeune pompier avait dû être hospitalisé, souffrant d'un traumatisme facial et d'une importante plaie oculaire. Selon un pompier, interrogé par l'AFP dans la foulée des incidents, les forces de l'ordre auraient d'abord fait usage de gaz lacrymogènes pour repousser des manifestants venus déplacer des barrières de sécurité.
Ils auraient ensuite riposté avec des tirs de flashball lorsque les pompiers ont actionné contre eux leur lance à incendie. Samedi 4 janvier, une marche de soutien en faveur du jeune pompier a réuni à Grenoble entre 2.000 et 3.000 personnes.