Rixe d'Echirolles: dix accusés condamnés à des peines de 8 à 20 ans, deux acquittés

Dix accusés de la "rixe d'Echirolles" écopent de peines allant de 8 à 20 ans de réclusion, selon le verdict tombé, ce samedi 12 décembre au matin. Ibrahim Camara, qui avait livré de nombreux éléments à la Justice, a été acquitté, tout comme Bérat Karaborklu.

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Dans un ambiance extrêmement tendue, la cour d'assises des mineurs l'Isère a donc condamné dix des douze accusés dans l'affaire dite de la "rixe d'Echirolles" à des peines allant de 8 à 20 ans de réclusion criminelle, et acquitté deux autres. Tous étaient jugés à huis clos depuis le 2 novembre pour le double meurtre de Kevin, étudiant en master de 21 ans, et Sofiane, éducateur de 22 ans.

Ilyes Tafer écope de la peine la plus lourde. Le jeune homme, qui n'avait que 18 ans au moment des faits, est condamné à 20 ans de prison, comme l'avaient réclamé les avocats généraux lors de leurs réquisitions. Il était soupçonné d'avoir porté des coups de couteau lors de la rixe, alors qu'il n'avait reconnu que des coups de poing.

Naderhaman Delli et Ulas Cetin sont condamnés à 16 ans de prison. 18 ans avaient été requis à leur encontre.

Vous faites de nous des assassins mais ceux qui ont tué vos fils ont été acquittés", a crié l'un des accusés.


Youssef Camara, contre qui 18 ans de prison avaient également été requis, est condamné à 14 ans de réclusion. Son avocat, Maître Bernard Ripert, a jugé ce verdict "inacceptable" et annoncé vouloir faire appel de cette décision. "La cour d'assises de l'Isère a très mal fait. Dans cette affaire, elle a été influencée, guidée, soumise à la pression de l'opinion publique, peut-être des pouvoirs politiques. Elle a jugé n'importe comment. Une fois de plus la justice nous montre que l'émotion prime le droit", a-t-il tonné.

Ahmed L. (14 ans requis contre lui), et Denis C. (13 ans requis contre lui), tous deux mineurs au moment des faits, écopent de 12 ans. Eraba Diakabi, et Antonin Challange écopent quant à eux de 10 ans de prison, contre 18 ans requis par les avocats généraux. Antonin Challange, âgé de 23 ans, avait reconnu avoir donné un coup de bouteille sur la tête de Sofiane.


Ibrahim Camara et Bérat Karaborklu acquittés

20 ans prison avaient été requis à l'encontre de Constant Mukala Wetu, qui comparaissait libre. La cour d'assises des mineurs a finalement décidé d'une condamnation à 9 ans de réclusion. Son avocat, Maître David Metaxas, compte faire appel.

Mohamed Elhadj est condamné à 8 ans de réclusion.

Ibrahim Camara, qui comparaissait libre devant la cour, a été acquitté. Âgé de 24 ans, le jeune homme a beaucoup collaboré avec la Justice lors de sa détention. Une grande part de l'instruction reposait sur ses déclarations. Bérat Karaborklu, contre qui 10 ans étaient requis, a également été acquitté.

Le ministère public avait requis des peines de 10 à 20 ans de réclusion criminelle à l'encontre des accusés, aujourd'hui âgés de 19 à 24 ans.


Des insultes et quatre interpellations à l'énoncé du verdict

Les verdicts ont été rendus dans une atmosphère très tendue. Ibrahim Camara, l'un des deux acquittés, a essuyé des insultes: "Tu étais là assassin!", a crié une proche d'un des condamnés, ce qui a provoqué l'évacuation d'une partie de la salle et une suspension d'audience. Gendarmes et policiers sont alors intervenus dans le box, où des échanges de coups entre forces de l'ordre et accusés ont eu lieu. L'un des accusés a tenté de passer par-dessus la vitre de la "cage de verre". Un taser a été utilisé pour maîtriser l'un des jeunes.

L'audience a repris une dizaine de minutes après, pour égrener la suite des condamnations, avec les mêmes réactions très vives. "Vous faites de nous des assassins mais ceux qui ont tué vos fils ont été acquittés", a crié un des détenus, une fois les peines prononcées.

Dans la salle des pas perdus, à la sortie de l'audience, la famille d'un des accusés a proféré des insultes à l'égard des forces de l'ordre. Quatre interpellations ont eu lieu.

Reportage
Intervenants : Maître Ronald Gallo, avocat de Bérat Karaborklu; Maître David Metaxas, avocat de Constant Mukala Wetu; Maître Francis Szpiner, avocat des parties civiles; Steven Noubissi, frère de Kevin. ©France 3 Alpes

 

Un mauvais regard
Tout a commencé le 28 septembre 2012 par une bagarre, devant un lycée d'Échirolles, entre Wilfried, le frère de Kevin, et un autre garçon avec lequel il avait un contentieux au sujet d'une jeune fille.

Plusieurs affrontements s'ensuivent entre différents groupes des quartiers des Granges à Échirolles et de La Villeneuve à Grenoble. En début de soirée, dans une ambiance d'alcoolisation, une vingtaine de jeunes se regroupent à La Villeneuve, afin de venger "la fierté du quartier" et de lancer une expédition punitive. Rejoint par son ami Sofiane, Kevin patiente, lui, dans le parc Maurice Thorez d'Échirolles et demande aux plus jeunes de rentrer chez eux, conscient que des représailles ne manqueront pas d'intervenir.

Leur violence ne leur laissera aucune chance. Assailli, Kevin, étudiant en master de 21 ans, est transpercé de huit coups de couteau, dont un mortel au poumon. Sofiane, éducateur de 22 ans, est, lui, poignardé 31 fois, dont neuf fois dans le dos, et frappé au crâne avec un marteau. Il décédera le lendemain de multiples hémorragies internes.

Au cours de la vingtaine de minutes qu'a duré la rixe, les assaillants les ont frappés avec marteau, manche de pioche, bouteille de vodka, faisant même usage d'un chien d'attaque, d'un pistolet à grenaille et roulant encore sur une victime en scooter.
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