Il y a quelques années, c'était le numéro un français de l'énergie solaire thermique (eau chaude et chauffage). Au fil du temps, les effectifs de CLIPSOL se sont réduits. Depuis mai, un plan de restructuration prévoit encore le départ de la moitié des 80 derniers salariés.
CLIPSOL est un fabricant historique de solutions solaires. Basée à Aix-les-Bains, en Savoie, la société a subi de plein fouet la crise de la filière.
Aujourd'hui, un nouveau plan social est annoncé, au coeur de la production. Une gifle pour ces salariés dont certains travaillent ici depuis presque 30 ans. Des conditions d'autant plus difficiles à comprendre que leur vrai patron est le puissant GDF-SUEZ, récemment rebaptisé Engie. Une grève a débuté.
Depuis plusieurs semaines, les négociations sont donc tendues entre la CFDT (seul syndicat de l'entreprise) et la direction. Le syndicat a demandé un audit au cabinet Syndex, expert spécialisé dans les Plans de Sauvegarde de l'Emploi. Ce mardi 7 juillet, un consultant participait justement au CE. "Ça avance, ça avance", a-t-il simplement indiqué.
Un pionnier rétrogradé
CLIPSOL a été créé en 1979 par la famille Jean. Un pionnier de l'énergie solaire thermique, avec un savoir-faire unique en France: les capteurs thermiques. Ceux-ci transforment l'énergie solaire en énergie thermique, chauffage et eau chaude. A la différence du photovoltaïque qui produit de l'électricité.Problème, la société manque de trésorerie, la recherche et le développement coûtent cher… En 2008, la famille Jean ne peut refuser l'offre du géant GDF-SUEZ. A l'époque, la multinationale veut créer un filiale du solaire. Elle rachète CLIPSOL mais aussi PANOSOL ou ENERGIA.
Quelques années passent, celles de l'âge d'or du solaire. Les crédits d'impôt et les faibles prix de l'électricité en France entraînent un boom. Une bulle qui éclatera en 2011.
Nous avons raté notre reconversion"
Dans les années qui suivent, CLIPSOL est en perte de vitesse, le carnet de commandes se vide, de moitié. Les salariés dénoncent alors un isolement, comme si GDF-SUEZ les avait laissés de côté. "Il n'y a eu aucun investissement pour nous permettre d'évoluer", explique Michael Lavorel, chargé d'affaires chez CLIPSOL. "Nous avons raté notre reconversion, on est resté sur un marché mourant, celui du thermique… Alors qu'il y a un marché émergent, celui du photovotaïque de masse" (panneaux pour grosses structures)."
Le photovoltaïque, CLIPSOL n'en fait pas pas vraiment. La société fabrique les structures en métal des panneaux, mais pas les panneaux eux-mêmes. Leur créneau, c'est le thermique pour particulier et pour collectif, mais ça ne se vend plus…
Un PDG qui assure que tout a été fait pour redresser CLIPSOL. Jean-Claude Toucas explique que GDF a encore injecté 2,7 millions d'euros en 2014, notamment pour maintenir les salaires. "Nous sommes passés de 39 millions d'euros de CA en 2011, à 7 millions fin 2015. On perd 300 à 400.000 euros chaque année, il faut trouver une solution."
Avec le plan de restructuration, la direction table sur un nouveau projet industriel qui miserait sur le thermique collectif et le photovoltaïque individuel. Avec toujours l'espoir que les énergies renouvelables redeviennent "une priorité pour les Politiques".
Reportage Céline Aubert et Frédéric Pasquette
La prochaine réunion direction-syndicat devrait se tenir le jeudi 9 juillet. Les négociations peuvent se poursuivre jusqu'à la fin du mois. Début septembre, les salariés recevront les premières lettres de licenciement.