Cela peut paraître surprenant : selon la récente étude d'un pneumologue strasbourgeois, la farine serait la première cause d'asthme professionnel en France.
La farine serait-elle dangereuse pour la santé ? Elle serait en tous les cas la première cause d'asthme professionnel en France, devant les produits désinfectants. Elle serait responsable de 20 % des cas d'asthme provoqués par le milieu de travail. Telles sont les conclusions d'une étude présentée au congrès de la Société européenne de pathologie respiratoire qui se tenait à Munich en Allemagne le 7 septembre 2014.
Boulangers devant les professionnels du nettoyage
Pour réaliser cette étude, le professeur Frédéric de Blay, pneumologue aux Hôpitaux Universitaires de Strasbourg (HUS), et son équipe de chercheurs de l'INVS (Institut national de veille sanitaire) ont passé en revue 330 cas d'asthmes professionnels répertoriés entre 2008 et 2011 dans six départements français (Haut-Rhin, Bas Rhin, Doubs, territoire de Belfort, Val de Marne et Yvelines). Ils ont montré que les boulangers-pâtissiers constituaient la profession la plus à risque en raison de leur contact avec la farine, responsable de 20 % des cas d'asthme professionnel.Ils sont suivis par les professionnels de la santé et du nettoyage qui manipulent des composés d'ammonium quaternaire qu'on trouve principalement dans les produits désinfectants et qui sont à l'origine de 15 % des cas d'asthme France.
La troisième profession à risque est celle des coiffeurs qui utilisent des persulfates, des substances présentes dans les produits de décoloration.
L'asthme d'origine professionnelle représenterait 10 à 15% des cas d'asthme observés en France, soit 36 cas par an et par million de travailleurs.
Les femmes et les ouvriers les plus touchées
Avec 43 cas par million de travailleurs, les femmes sont globalement plus touchées que les hommes (29 cas par million de travailleurs), "probablement parce que ce sont surtout elles qui font le nettoyage", relève le Pr Frédéric de Blay.Les ouvriers qualifiés ou non sont globalement plus atteints que les agriculteurs, ceux travaillant dans l'industrie agro-alimentaire arrivant nettement en tête, selon l'étude.
L'une de nos équipes s'est rendue au CFA pour apprentis-boulangers de Mulhouse, où l'on s'est adapté aux risques de dégagements de poussières de farine.
Elle a aussi rencontré le président de la corporation des boulangers du Sud Alsace, qui s'étonne des conclusions de cette étude.