Le tribunal de commerce de Paris communiquera lundi prochain sa décision sur l'unique projet de reprise de Caddie, l'emblématique fabricant de chariots de supermarchés en redressement judiciaire, les syndicats se déclarant plutôt "optimistes" au terme d'une audience cruciale lundi.
"Je suis confiant. Il semble que les choses soient bien engagées", a affirmé Stéphane Dedieu, l'ancien directeur général de Caddie, qui porte l'unique projet de reprise déposé, qui prévoit le maintien d'un tiers des 383 salariés en Alsace. "Je suis optimiste. Le projet avait les faveurs et les ouvriers sont derrière ce projet", a déclaré Jean-Paul Ostertag, délégué CFTC, le syndicat majoritaire qui soutient l'offre de reprise, parlant d'une atmosphère "positive" à l'audience.
Le reportage de M. Schmitt - S. Dillenseger. Interviews : Stéphane Dedieu, repreneur potentiel - PDG Hebeco Plastic - Soumaila Guera Bari, délégué syndical FO - Stéphane Dedieu, repreneur potentiel - PDG Hebeco Plastic
Pour sa part, M. Dedieu a affirmé que la marque Caddie devrait faire partie de la reprise, la condition qu'il avait posée pour mener à bien son projet. "D'ici
lundi, nous aurons un récépissé prouvant que la cession des marques est engagée. Il est important pour nous de reprendre la société avec la marque, puisque nous souhaitons fabriquer des chariots Caddie", a-t-il affirmé. Le nom appartient formellement à une autre société du groupe Altia, le propriétaire
du fabricant de chariots, en redressement judiciaire depuis début août. Les sources proches de l'administrateur ont toutefois précisé que "le problème de la marque Caddie (...) relève de la compétence du juge commissaire d'Altia Industry".
Auparavant, M. Dedieu avait apporté les garanties financières exigées par le tribunal en déposant 1,7 million d'euros sur un compte en France, comme l'avait exigé le tribunal il y a une semaine. "Nous avons aussi confirmé les financements de la Caisse d'Epargne, de Bpifrance et de la région Alsace", a-t-il ajouté, à son arrivée à l'audience. Il y a une semaine, Caddie avait frôlé la liquidation, mais le tribunal avait accordé un sursis d'une semaine pour que les garanties soient apportées. Pour déposer le 1,7 million d'euros demandé par le tribunal, les repreneurs ont été contraints de redistribuer les cartes. Exit la société russe Step, distributeur de Caddie en Europe de l'Est, qui devait initialement prendre 25% de Caddie. Elle s'est finalement retirée "pour des questions administratives" qui l'empêchaient de transférer "l'argent depuis la Russie en quelques jours", a expliqué M. Dedieu. Pour compenser la sortie de Step, l'ancien directeur général a porté sa participation au capital de 51 à 65%.
Une société emblématique
L'italien Bertoldi, distributeur de Caddie depuis 1961, passera de 14 à 25% et l'allemand Shopbox, spécialisé dans l'entretien et la maintenance des chariots, restera à 10%. Le projet de reprise prévoit de ne conserver que 105 salariés à Drusenheim et 23 sur le site de revêtement industriel d'Oberhausbergen. Les repreneurs potentiels se sont déclarés prêts à apporter 6 millions d'euros "pour faire redémarrer la société", a expliqué l'ancien directeur général. Ils visent un chiffre d'affaires de 17 millions d'euros pour l'année prochaine, soit moins de la moitié des 37 millions d'euros de ventes réalisées par le groupe en 2013.Ces chiffres témoignent du redimensionnement des activités voulu par les repreneurs : "Nous allons nous concentrer sur la grande distribution et l'équipement de magasins et mettre en sommeil l'activité de chariots pour hôtels et hôpitaux", a annoncé M. Dedieu. En 2009, Caddie employait encore 750 personnes et réalisait un chiffre d'affaires de 110 millions d'euros. Les repreneurs potentiels se sont aussi engagés à ne pas effectuer de licenciements économiques pendant deux ans et ont garanti des droits de reprise aux employés licenciés. S'agissant des offres de reprise des autres sociétés du groupe Altia Industry en redressement judiciaire, le tribunal de commerce a fixé la prochaine audience au 3 novembre.