Environ 8.000 Kurdes selon la police, plus de 30.000 selon les organisateurs, se sont rassemblés samedi à Strasbourg pour exiger comme chaque année la libération de leur chef historique Abdullah Öcalan, emprisonné en Turquie depuis février 1999.
Partis du quartier de la gare en fin de matinée, les manifestants, de tous âges, ont défilé dans le centre-ville avant d'assister à un grand meeting politique en plein air organisé par un collectif d'associations de Kurdes de France et de pays voisins, sur un terrain de la Meinau, dans le sud de l'agglomération.
Comme chaque année depuis la première marche du genre à Strasbourg en 2000, de nombreux manifestants sont venus de l'étranger, notamment d'Allemagne, de Suisse ou de Belgique. Certains ont même fait la route à pied de Berne, du Luxembourg et de Francfort (ouest de l'Allemagne).
"On demande la libération de M. Öcalan, un statut politique pour le Kurdistan et le retrait du PKK (le Parti des travailleurs du Kurdistan) de la liste des organisations terroristes de l'Union européenne", a déclaré à l'AFP Hélène Erin, porte-parole des organisateurs de la manifestation.
Vendredi, une pétition géante pour la libération de M. Öcalan, ayant récolté "plus de 10 millions de signatures" à travers le monde en deux ans selon Mme Erin, a été officiellement remise à des représentants du Conseil de l'Europe à Strasbourg.
François Hollande a notamment reçu dimanche dernier pour la première fois des représentants du PYD, la principale organisation des Kurdes de Syrie qui a vaincu les jihadistes de l'EI à Kobané, avant de recevoir mardi le président du gouvernement régional du Kurdistan d'Irak, Massoud Barzani. De telles rencontres auraient été "impensables" il y a un an, a estimé Yekbun Ararat, représentant du Conseil démocratique kurde de France, l'une des organisations à l'origine du rassemblement.Le défilé avait également pour but d'afficher la solidarité des Kurdes d'Europe avec les Kurdes qui se battent contre l'Etat islamique (EI) en Syrie et en Irak, a-t-elle souligné. "Depuis la résistance de Kobané et dans le Sinjar, le regard sur les Kurdes a changé", a-t-elle estimé. "Autrefois quand je demandais des rendez-vous avec des personnalités politiques c'était très difficile. Or maintenant, ce sont les politiques qui demandent à nous recevoir".
La communauté internationale reste globalement divisée sur un soutien politique et militaire aux Kurdes. En premier lieu la Turquie, qui "soutient encore logistiquement et même politiquement l'Etat islamique en sous-main" contre les Kurdes, a accusé M. Ararat.
Selon lui, si les Kurdes sont aujourd'hui devenus un "rempart contre l'Etat islamique" c'est parce qu'Abdullah Öcalan avait su donner une "impulsion" dans la région permettant aux Kurdes de "s'autogérer et s'autodéfendre", a-t-il déclaré. "M. Öcalan reste le "leader incontesté du peuple kurde", a-t-il affirmé. AFP