Alain Juppé, candidat à la primaire de droite, veut depuis Strasbourg enfoncer le clou sur "l'identité de la France" et clouer le bec à ses rivaux, qui moquent sa quête d'une "identité heureuse".
Après un déjeuner avec les élus locaux, accompagné par la sénatrice Fabienne Keller, et une sage promenade entre cathédrale et le quartier de la "Petite France" -- "je ne suis pas le maire de Strasbourg, je suis le maire de Bordeaux" glisse-t-il --, il a assuré vouloir "redonner une espérance". Et de pointer le fort "attachement à l'identité alsacienne" et "le fort patriotisme" de la région.
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Entrée d'Alain #Juppe au PMC de #Strasbourg pour son 1er grand meeting de campagne, devant 1500 personnes pic.twitter.com/3UAUBBYAyg
— France 3 Alsace (@F3Alsace) September 13, 2016
"Le responsabilité d'un leader politique, ça n'est pas d'en rajouter sur le malheur des temps ou de noircir encore plus la situation, c'est au contraire de montrer que la France a tous les atouts pour repartir de l'avant", a-t-il lancé. "Avant de dire qu'on était heureux en France j'ai dit que la situation est grave et que beaucoup de Français souffraient, je ne l'ignore pas", a-t-il ajouté, agacé du procès en naïveté qui lui fait, en particulier par les sarkozystes. Traduction ironique dans son équipe: "Bien sûr, tout le monde sait que nous sommes des bisounours."
Ce concept d'identité heureuse, initialement une réponse à un livre d'Alain Finkielkraut, Alain Juppé l'avait quelques mois laissé en stand by, mais visiblement les attaques sur le sujet ont réactualisé le sujet. François Hollande s'est récemment mêlé au débat en expliquant que l'identité n'était "ni heureuse", "ni malheureuse". Et "il n'en démord pas", a-t-il redit. Alors c'est cette vision de l'identité, de la diversité, "concilier notre diversité qu'on ne peut pas gommer" et "conforter le bien commun: l'histoire, la culture, la langue, les valeurs de la République, la laïcité" qu'il veut mettre en avant.
"Du québécois pur laine"
Il a noté une "frénésie" des "intellectuels" et "certains vont jusqu'à proposer qu'on accepte qu'un certain nombre de prénoms en France, Pierre, Paul, Jacques, ou Marie.", a-t-il dit en allusion à Eric Zemmour, mais sans le citer. "On est en train de délirer complètement", a-t-il dit, excluant de faire la "surenchère".Il a été très agacé lors de sa conférence de presse quand on lui a évoqué l'utilisation de l'expression "accommodements raisonnables", dénoncée lundi soir par son rival Nicolas Sarkozy. "Au nom d'une conception folle de la tolérance, on en est venus à ne plus savoir
qui nous sommes et ce que nous voulons être. Il règne une évidente confusion morale ...) Ces accommodements prétendument raisonnables, nous n'en voulons plus", avait lancé M. Sarkozy dans un tacle à Alain Juppé, qui avait employé une fois cette expression.
"Je n'ai jamais fait mienne l'expression +accommodements raisonnables+, qui est du québécois pur laine. Je l'ai évoquée à propos du Québec, en soulignant les dérapages", a-t-il tenu à clarifier.
Supprimer l'ENA ? C'est "faire du neuf avec du très vieux"
Alain Juppé a raillé mardi la proposition faite par Bruno Le Maire de supprimer l'Ecole nationale d'administration (ENA), estimant que cela "revenait à faire du neuf avec du très vieux". "D'abord, il ne faut pas expliquer qu'on va faire autrement de la politique en reprenant les recettes les plus anciennes qui soient en politique", a-t-il lancé lors d'une conférence de presse à Strasbourg, à quelques mètres des bâtiments de l'ENA, alors qu'il était interrogé sur la façon de "redonner confiance aux Français" et sur la suppression de l'ENA.La première demande de suppression avait été formulée "par Jean-Pierre Chevènement dans les années 70", a-t-il noté M. Juppé. "On fait vraiment du neuf avec du très vieux!" a-t-il ajouté. Bruno Le Maire, autre candidat de la primaire à droite, met en avant l'argument du renouveau en politique et a récemment proposé de supprimer l'ENA. "Je ne ferai pas de démagogie anti-fonctionnaire", a affirmé le maire de Bordeaux, lui-même énarque, comme M. Le Maire.
Sans vouloir parler de ses concurrents, qu'il ne veut pas attaquer frontalement, interrogé sur le FN, il a indiqué qu'au sortir du meeting de Provins la veille au soir de Nicolas Sarkozy, il avait entendu un micro-trottoir où des soutiens de M. Sarkozy expliquaient qu'ils voteraient "Le Pen" en cas de second tour "Juppé-Le Pen": "une dérive", selon lui.