Emmanuel Macron a lâché ses coups contre ses rivaux à droite comme à gauche et dévoilé mardi soir à Strasbourg de premières pistes pour répondre au "malaise démocratique".
Pas candidat déclaré à ce stade à l'élection présidentielle, l'ex ministre de l'Economie a pris la parole, en s'exprimant pendant plus d'une heure debout sans notes, au milieu de l'assistance d'environ 1.000 personnes.
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L'intégralité du discours
S'il n'a pas exclu des réformes constitutionnelles, il a surtout voulu mettre l'accent sur le changement des "pratiques" politiques. Dans son viseur, l'ancien Premier ministre Alain Juppé, et l'ancien président de la République Nicolas Sarkozy. "Peut-on imaginer sérieusement commander aux destinées du pays ou simplement se présenter au suffrage des Français alors que sa probité personnelle a été mise en cause ? (...) Je ne pense pas (...) Il est certaines (fautes) qui vous disqualifient radicalement", a-t-il lancé en direction des deux favoris de la primaire de la droite. M. Juppé avait été condamné dans l'affaire des emplois fictifs de la ville de Paris.
"Il en est de même sur le respect des règles encadrant les élections et le financement politique. Peut-on imaginer sérieusement commander aux destinées du pays, se présenter au suffrage du pays, alors qu'on a délibérément dépasser le plafond des dépenses autorisées pour sa campagne ?", a-t-il lancé à l'intention de l'ancien président.
Cette saillie a déclenché dans l'assistance de premiers "Macron président!", que l'ex-ministre n'a pas cherché à faire taire. Raillant le système des primaires, qui conduit les candidats à empiler des propositions "contradictoires", il a estimé que l'essentiel était la "clarté de l'engagement initial", avec un engagement sur "dix ou douze" orientation phares. "Plus personne ne pense qu'on engage sa responsabilité sur quatre livres, 200 propositions ou 1.000 pages", a raillé M. Macron, visant là aussi des candidats de la primaire de la droite.
Défaut d'explication
Aux origines selon lui des grandes grèves de 1995, comme des manifestations du premier semestre contre la loi Travail, un défaut d'explication. "En mai 1995 (...) Jacques Chirac est élu sur la fracture sociale mais six mois après ce sont des réformes totalement différentes qui arrivent devant le peuple ! (...) le blocage de l'hiver 1995, c'est la France qui se cabre de ne pas avoir été respectée.
Ce qui s'est passé il y a quelques mois avec la loi travail procède exactement du même mouvement". M. Juppé, Premier ministre en 1995, et Manuel Valls apprécieront. M. Macron n'a pas présenté de catalogue de propositions -l'ex-ministre a martelé tout au long de la journée qu'il voulait d'abord livrer son "diagnostic" sur l'état de la France - mais des "idées", des "pistes", sur lesquelles lui et son mouvement, En marche!, vont "élaborer dans les prochaines semaines".
Ce meeting est le premier d'une série de trois devant permettre à l'ex-ministre de présenter ce diagnostic nourri par les 25.000 questionnaires recueillies par les adhérents d'En marche !, et par les contributions de près de 200 experts. Après celui-ci, sur le thème de "la vie engagée", deux autres suivront, l'un au Mans le 11 octobre sur la "vie quotidienne, les sujets économiques et sociaux", et l'autre à Montpellier, le 18, sur les sujets de la "vie ensemble, l'intégration".
La première partie du meeting a vu une dizaine de "marcheurs" égrener assez longuement les maux des Français tels qu'ils ressortent de la campagne de porte-à-porte des marcheurs. S'inscrivant dans les traces de Michel Rocard, M. Macron a enfin plaidé pour "un vrai principe d'autonomie et de déconcentration", pour un approfondissement de la "décentralisation". Il veut aussi "ouvrir une voie de dévolution en direction de la société civile".
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Roland Ries explique pourquoi il ne participe pas au meeting
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