Ils étaient un millier de manifestants réunis pour "La journée du combattant" à Hendaye autour de la gauche nationaliste basque. Ils ont dénoncé les crimes des paramilitaires espagnols contre l'ETA dans les années 1980 et interpellé le Parti Socialiste au pouvoir à l'époque.
Un millier de sympathisants du parti de la gauche nationaliste "Sortu" venus de France et d'Espagne ont dénoncé samedi à Hendaye "30 ans d'impunité de la guerre sale contre l'ETA", l'organisation séparatiste basque. Ce rassemblement était organisé dans le cadre de "La journée du combattant" ("Gudari Eguna"), célébrée chaque année au Pays basque. Les manifestants ont dénoncé les actions des commandos parapoliciers des GAL, les Groupes antiterroriste de libération, pilotés par les forces de l'ordre espagnoles à l'époque du gouvernement socialiste de Felipe Gonzalez. Ils sont tenus pour responsables, entre 1983 et 1986, des assassinats de 28 personnes, essentiellement au Pays basque français. Neuf des victimes n'avaient aucun lien avec l'ETA.
Xabi Larralde interpelle le Parti Socialiste au sujet du GAL
Des représentants de familles endeuillées par les GAL ont pris part à la manifestation. "Le GAL a fait 28 morts, personne n'en parle. Nous ne pouvons pas oublier qui étaient ceux qui gouvernaient la France à ce moment-là, le Parti socialiste, le même parti qui gouverne aujourd'hui", a déclaré à la tribune un des porte-paroles de Sortu, Xabi Larralde, sous les applaudissements du public. "Nous interpellons le Parti socialiste français et les autres forces politiques pour qu'ils éclaircissent l'implication des Etats français et espagnols dans cette guerre sale", a-t-il ajouté tout en précisant que, pour sa part, "la gauche nationaliste était prête à reconnaître les souffrances occasionnées au Pays Basque".L'ex-chef du gouvernement espagnol Felipe Gonzalez (1982-1996), longtemps soupçonné d'avoir cautionné la création de ces groupes pendant sa lutte contre l'ETA, a été blanchi par la justice. Mais celle-ci a condamné en 1998 à de lourdes peines de prison son ami et ex-ministre de l'Intérieur José Barrionuevo et l'ancien secrétaire d'Etat attaché à la Sécurité Rafael Vera. Si en France une partie des exécutants des attentats du GAL, essentiellement des truands recrutés dans le milieu bordelais, a été condamnée à de lourdes peines de prison, la complicité éventuelle de l'Etat français dans les activités criminelles des GAL n'a jamais fait l'objet d'enquête.
Le porte-parole de Sortu a aussi dénoncé la "guerre sale" commencée bien avant les GAL, "dès les années 1970 où les franquistes opéraient sous le nom de Guerilleros du Christ Roi et au début de l'ère démocratique espagnole par le Bataillon basque-espagnol", a-t-il poursuivi. "Nous n'oublions pas les morts de ces années-là non plus", a-t-il lancé.