Jeudi 26 juin, le tribunal correctionnel de Grenoble a jugé irrecevable l'action menée par des habitants du quartier de la Villeneuve de Grenoble, contre un reportage d'Envoyé spécial qu'ils jugeaient diffamatoire.
Le tribunal a estimé que l'action engagée par l'association des habitants de la Crique sud était irrecevable "pour défaut de droit à agir". Il a aussi rejeté les demandes de France Télévisions qui voulait que l'association soit condamnée pour procédure abusive.
"C'est sans surprise", a réagi Pauline Damiano, président de l'association. "C'est déjà pas mal d'avoir trouvé la brèche pour amener un média devant le tribunal. On voulait montrer qu'on ne pouvait pas diffuser impunément un reportage aussi mauvais", a-t-elle ajouté.
Mme Damiano a plaidé pour une évolution du droit afin de "faire reconnaître la question de la discrimination territoriale, la légitimité pour un territoire de se défendre".
Lors de l'audience du 15 mai, la représentante du parquet avait rappelé que le droit de se constituer partie civile en matière de droit de la presse était très limité. Une association ne peut le faire qu'à condition d'être considérée comme une victime directe et donc d'être citée nommément dans le reportage, ce qui n'était pas le cas en l'espèce.
Les habitants reprochaient à ce reportage "une accumulation de clichés", un manque d'objectivité, une "volonté délibérée de stigmatiser le quartier", selon les termes de l'avocat de l'association Me Thomas Fourrey, à l'audience.
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Le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) avait reproché à France 2 un "manquement" à ses "obligations déontologiques" pour ce reportage "pas suffisamment équilibré".
Cité expérimentale des années 1970, la Villeneuve de Grenoble, théâtre d'émeutes en avril 2010, était dépeinte dans ce documentaire, diffusé le 26 septembre dernier sur France 2, comme un quartier gangrené par la violence. On y voyait notamment un jeune masqué tirer de nuit sur un panneau avec une arme à feu en plein coeur du parc central.
Aucun représentant de France Télévisions n'était présent à la lecture du délibéré.