Le crowdfunding (financement participatif) ne cesse de se développer sur internet. En 2014, 150 millions d'euros ont été levés dans toute la France auprès d'un million de contributeurs. S'il est impossible d'avancer des chiffres au niveau régional, il apparaît que l'Auvergne n'est pas à la traîne.
Après avoir travaillé pour les plus grands chefs auvergnats, les étoilés Régis Marcon et Serge Vieira, Charles Moncouyoux a décidé de tracer son propre chemin professionnel. Avec sa compagne Mélina, il veut créer un bus restaurant gastronomique. Lui en cuisine, elle au service, ils sillonneront les routes du Puy-de-Dôme. 23 communes sont au menu.
On a dépassé l'enveloppe très rapidement, en à peine un mois de collecte... et ça a été vraiment une très, très bonne surprise" (Mélina, porteuse du projet "Bus 26")
Leur projet est ambitieux, son coût s'élève à 370 000 euros hors taxe. Et pour mettre un peu de beurre dans les épinards, le couple a sollicité les dons d'internautes sur une célèbre plate-forme de financement participatif. Près de 9000 euros ont ainsi été récoltés. A la grande surprise de Charles : "Monter son entreprise c'est complexe, ça fera bientôt deux ans qu'on est sur le projet qui ouvre au mois d'avril... ça a été une longue bataille ! On est un peu seul quand on fait ça et là, on reçoit des encouragements tellement chaleureux... Je ne vous explique pas comment ça requinque, ça nous pousse à donner le meilleur de nous-mêmes."
Un complément de financement
Le recours au financement participatif vient souvent en complément du financement classique, observe Auvergne Nouveau Monde. Cette association, créée en 2011 à l'initiative du Conseil régional pour valoriser son territoire, encourage les porteurs de projets à s'afficher sur la toile. Et ce pas seulement pour récolter des fonds... "C'est aussi une première campagne de notoriété pour un projet", explique Véronique Jal. Elle ajoute : "C'est aussi parfois l'occasion de tester la perception du produit qu'on s'apprête à lancer !"Cela a beaucoup d'autres utilités que le simple financement, et puis ça peut aussi rassurer un banquier ! (Véronique Jal, association Auvergne Nouveau monde)
Et les banquiers, que pensent-ils donc du développement du crowdfunding ? "Tout ce qui permettra à des individus de sortir de l'ornière du point de vue financier, c'est évidemment bon pour la banque, c'est bon pour l'économie mais c'est bon pour les gens d'abord", assure Maurice Bourrigaud, président du Comité régional d'Auvergne de la Fédération Bancaire Française.
Une alternative aux subventions publiques
Et c'est bon aussi pour alléger les dépenses des collectivités... Certains élus vont chercher sur internet l'argent qui leur manque pour entretenir leur patrimoine. Pour restaurer la chapelle Saint-Aubin, la commune St Genès Champanelle a ainsi obtenu 8.000 euros de dons, soit 15% du budget total. "C'est la première fois qu'on fait ça, ça nous a paru intéressant", confie le maire Roger Gardes. "On ne savait pas si ça allait donner un résultat très positif et ça a été le cas !", se réjouit-il.Pour mettre en place cette souscription populaire, St Genès Champanelle s'est adressé à la Fondation du patrimoine. Sa délégation régionale soutient chaque année environ 300 projets, pour lesquels les particuliers donnent 400 à 500.000 euros. "On s'aperçoit que le financement participatif par la plate-forme de la Fondation du patrimoine a évolué depuis 2 ou 3 ans extrêmement rapidement. On est passé de 1% des dons à 5%, et pour 2014 à 11% des dons", constate Jacques Aujoulat, le délégué régional de la fondation en Auvergne.
Pour restaurer des oeuvre d'arts ou des bâtiments historiques, les internautes français auraient offert près de 3 millions d'euros l'an dernier. Et dans le top 10 des dons 2014, on trouve le château de Villemont,dans le Puy-de-Dôme, avec 41640 euros récoltés.
Le financement par les foules a visiblement de beaux jours devant lui...