Deux contrôles et plusieurs contretemps font perdre à Alexandre Bain, viticulteur à Tracy-sur-Loire, son AOC Pouilly-fumé. Devant le tribunal administratif de Dijon s’ouvre le procès des organismes de contrôle mais aussi de l’opposition vins naturels / vins aidés par la chimie.
Alexandre Bain cultive ses vignes à Tracy-sur-Loire, dans la Nièvre. Ses bouteilles sont vendues dans les meilleurs restaurants du monde, appréciées des très grands sommeliers. Pourtant, il doit les vendre en "vin de France".
En 2015, son AOC (appellation d’origine contrôlée) lui a été retirée. Sur ses étiquettes, on ne peut plus lire, comme c’était le cas avant, « Pouilly-fumé ».
"Oxydé"
Une série d’histoires lui valent cette sanction : d’abord un contrôle pour obtenir l’appellation, sur une cuvée qui s’est pourtant très bien vendue. Elle est "oxydée", selon l’organisme d’agrément.Pour lui, c’est une question de goût. Ses vins cultivés sans pesticides ni insecticides, sans intrants chimiques pendant la vinification sont trop différents des autres vins de l’appellation. Pourtant, il respecte le cahier des charges.
Terroir
"Moi, je considère qu’on a des terroirs, et donc il faut élever les vins. Chaque année, je vois le terroir sortir, le côté variétal s’efface au profit de quelque chose de plus exotique." , explique-t-il à Rue 89.Un autre contrôle est annulé en raison, notamment, des vendanges, l’ Inao (Institut national de l’origine et de la qualité), rend la décision définitive : il ne peut vraiment plus appeler ses vins « Pouilly-Fumé ».
Intervenants : Me Eric Morain, avocat d’Alexandre Bain // Alexandre Bain
Vigneron à Tracy-sur-Loire // François Pinet, Avocat de l'Institut National des Appellations d’Origine
Le viticulteur décide de porter l’affaire devant le tribunal administratif. L’audience a lieu ce vendredi à Dijon. Le jugement a été mis en délibéré. La décision de justice devrait être connue en milieu de semaine prochaine.