Dijon : les éleveurs laitiers manifestent pour obtenir de meilleurs prix

Trop de charges, prix payé en dessous du prix de revient… Les éleveurs laitiers manifestent un peu partout en France pour revoir leurs grilles de paiement. A Dijon, ils ont mené une action ce mardi matin 29 août au centre commercial de la Toison d’Or.

Les éleveurs laitiers sont en colère. A l’initiative de la FNSEA (fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles) et des Jeunes Agriculteurs, ils mènent des actions dans toute la France. A Dijon, en fin de matinée, une 10aine d'éleveurs s'est réunie au centre commercial de la Toison d’Or pour une action de « stickage » des produits Lactalis. Pour les autres départements de la région, des actions sont prévues (Doubs, Jura, Territoire de Belfort, Saône-et-Loire, Côte d’Or, Yonne).



Où en est-on des négociations avec Lactalis ?

Les manifestations sont destinées à peser sur les négociations qui sont en cours avec le groupe Lactalis. C’est le plus gros industriel du secteur en France. C’est aussi qui paie le moins cher le lait aux éleveurs. Après deux sessions de négociations la semaine dernière entre le groupe industriel et les producteurs, c’est une nouvelle tentative d’accord qui est menée ce mardi matin 30 août. Le groupe Lactalis est accusé également de manque de transparence dans les négociations.

En moyenne le prix payé par Lactaclis aux producteurs est d’un peu plus de 255 euros pour 1.000 litres, c’est 10 à 30 centimes de moins que les concurrents. Or, compte tenu des charges, en moyenne, le coût de production de 1.000 litres de lait en France tourne autour de 350 euros, avec de grandes variations selon la région et la taille de l’exploitation.

La réunion a débuté peu après 7h à la préfecture de Mayenne, à Laval, en présence de trois représentants de Lactalis dont le porte-parole du groupe, Michel Nalet, de cinq représentants des producteurs dont Sébastien Amand, vice-président de l'Organisation de producteurs Normandie Centre, Jean-Michel Yvard président de l'organisation des producteurs du grand Ouest, et du préfet de la Mayenne, Frédéric Veaux.



Pourquoi les prix sont-ils si bas ?

La production laitière française (et, de façon plus large, la production européenne) souffre de plusieurs facteurs :
  • Un contexte économique difficile depuis plusieurs années (il y a eu une crise similaire) en 2009
  • La chute des exportations vers la Chine et l’embargo russe
  • La fin des quotas laitiers européens au 1er avril 2015 : avant, l’Europe fixait une quantité maximum de lait produit. Depuis la fin des quotas, tout est possible, la production laitière a donc explosé sans que la demande n’augmente en Europe. De plus de 300 euros/tonne en 2005, le prix a donc chuté aux alentours de 260 euros/tonne.

Les chiffres du lait en France (source : Le Monde.fr)

Les éleveurs mènent des actions un peu partout en France

Calmes mais déterminés, les producteurs ont multiplié dans la soirée de lundi 29 août des protestations sur tout le territoire, telle l'action "coup de poing" menée dans le Cantal, à Riom-ès-Montagnes où une quarantaine d'agriculteurs ont déversé du fumier devant une usine Lactalis.

Dans la Loire, une vingtaine de manifestants poursuivaient mardi le blocage de l'usine  Lactalis d'Andrézieux-Bouthéon. "On attend la relève et on va rester au moins jusqu'à ce soir", avait déclaré à l'AFP Michel Joux, président de la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes, selon lequel "aucun camion ne peut sortir ou entrer dans le site". Lundi soir ils avaient déversé du fumier sur la route d'accès à l'usine et brûlé des pneus, a expliqué le syndicaliste.
Dans le Maine-et-Loire, une trentaine de producteurs poursuivaient, tôt mardi matin, le blocage de l'accès du site Lactalis de Saint-Florent-le-Vieil à l'aide de tracteurs. Des tentes et des barbecues ont été installés "comme à Laval, pour tenir le siège", a déclaré à l'AFP Jean-Marc Lézé, président de la FRSEA des Pays de la Loire.

Près de Rennes, le sit-in entamé lundi après-midi devant la plate-forme logistique de Lactalis à Cesson-Sévigné se poursuivait mardi matin. Sept tracteurs bloquaient l'entrée. Des actions de retrait des rayons de produits Lactalis sont par ailleurs prévues dans des supermarchés de la Sarthe et du Maine-et-Loire. Dans l'Orne, des opérations de "stickage" en supermarché sont en cours à Alençon, Domfront, La Ferté Macé, Flers et Argentan. Dans le sud-ouest, un seul rassemblement était prévu devant l'usine Lactalis de Montauban (Tarn-et-Garonne).

Dans ce contexte tendu, le géant laitier a appelé lundi soir "au calme et à la responsabilité de tous", disant s'interroger "sur la surenchère d'actions orchestrée par la FNSEA". "La détresse sociale, la détresse économique dans les exploitations est conséquente et elle est palpable", justifie de son côté M. Amand. Outre le prix du lait, la réunion de ce mardi doit porter sur les modalités de fixation du prix du lait pour l'avenir, a-t-il précisé.
Parallèlement, le ministre de l'Agriculture présente mardi aux professionnels du secteur laitier le plan de régulation de la production française demandé par la Commission européenne en juillet, en contrepartie de nouvelles aides financières.
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