La crise chinoise va-t-elle aggraver les difficultés des producteurs de lait français ?

La crise financière qui frappe la Chine risque de peser sur le marché mondial du lait, qui est déjà miné par l'effondrement des cours et la concurrence. C’est la fin d’un Eldorado qui avait vu le jour avec l'explosion de la demande chinoise.


Pourquoi les Chinois achètent-ils moins de lait ?

"C'est sûr que si les dizaines de millions de petits porteurs (chinois) ont perdu leurs économies en Bourse ils vont commencer à consommer moins" remarque Jean-Marc Chaumet, agroéconomiste spécialiste de la Chine à l'Institut de l'Elevage (Idele).

"Il va falloir revoir nos prévisions : c'est sûr que les importations chinoises ne seront pas à la hauteur de ce qu'on prévoyait pour les entreprises françaises. Le potentiel de développement qu'on voyait sur la Chine n'existe plus, il va falloir trouver des marchés ailleurs", reconnaît Gérard Calbrix, économiste de l'Association des transformateurs de lait (industriels), qui voit un "problème majeur".


Quelles sont les conséquences pour les producteurs de lait français ?

La Chine est devenue en 2012 le premier importateur de produits laitiers, avec son marché intérieur hors norme et la soif des classes moyennes pour les produits importés (notamment le lait destiné aux enfants). Depuis, les Chinois achètent environ 10% de la production mondiale.

En 2013, année faste, la France a exporté l'équivalent de 323 millions d'euros de lait liquide, poudre infantile et fromages vers la Chine (dont 157 millions en lait infantile), selon l'agence française de soutien à l'export, Business France.

Or, la demande chinoise, qui contribuait ces dernières années à soutenir les cours mondiaux, entraîne les prix à la baisse depuis que son économie ralentit.
Comme la production mondiale s'est avérée particulièrement abondante, surtout avec la fin des quotas européens, les prix ont coulé : aux enchères de Fonterra en Nouvelle-Zélande, le géant mondial qui donne le ton des cours mondiaux, ils ont plongé de 55% entre 2014 et 2015.



Quels sont les produits laitiers qui résistent à la crise ?

Pour l'heure, seul le marché des préparations pour nourrissons et celui du lactosérum, pour l'alimentation animale, résistent. Ce sont d'ailleurs les laits pour bébé qui ont contribué à faire de la Chine cet Eldorado lacté pour les producteurs étrangers dont les Français, après les scandales comme celui du lait à la mélamine en 2008, qui avait affecté 300 000 bébés (dont six ont succombé).

De son côté, la Chine, qui produit environ 37 millions de tonnes de lait, a traversé sa propre crise : le gouvernement a effectué un grand ménage pour dégager les petits producteurs peu fiables rappelle Gérard Calbrix : "Il préfère miser sur des grandes fermes de 20 à 30 000 vaches, propriétés de l'industrie" note l'expert qui voit émerger une "concurrence chinoise à l'assaut du monde", vers la Nouvelle-Zélande, l'Australie et même la France.



Quelles sont les raisons de rester confiants ?

Pas de panique, cependant affirme Giampaolo Schiratti, qui préside également Syndilait, l'association des producteurs de lait liquide dont la consommation reste une niche en Chine (5 litres/habitant/an contre 50 à 55 en Europe). Si les ventes de briques françaises ont diminué (6 millions de litres contre 10 millions entre janvier et fin mai), c'est principalement du fait d'une concurrence européenne "agressive" dit-il.

Sinon, "la Chine garde une croissance à 2% et la dévaluation du yuan a été devancée par la baisse de l'euro. Enfin, on reste sur 17 millions de naissances par an, des bébés qu'il faudra bien nourrir".
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