Le système des quotas qui plafonnait la production laitière en Europe prend fin le 31 mars 2015. En Bourgogne, comme dans le reste de la France, de nombreux éleveurs laitiers craignent de voir les prix s’effondrer.
A partir du 1er avril 2015, et pour la première fois depuis 30 ans, les Européens pourront produire autant de lait qu'ils veulent.
Les quotas laitiers (qui avaient été instaurés par l’Europe en 1984 pour gérer les excédents) disparaissent.
"Cela va inciter de nombreux éleveurs à arrêter leur activité laitière", estime Claire Juillet, porte-parole de la Coordination Rurale 21.
Pour le syndicat, "il est illusoire de penser que les contrats que les laiteries font signer en faisant pression sur les éleveurs permettront de réguler la production de manière à stabiliser les prix. L'intérêt des industriels est bien au contraire de faire baisser le coût de la matière première".
Pour s’en sortir, les éleveurs doivent avoir des troupeaux de plus en plus importants.
La France, qui est le deuxième producteur de lait européen, a déjà considérablement restructuré sa production laitière.
En Bourgogne, le nombre des petits élevages laitiers (comptant moins de 30 vaches) a chuté de 70% entre 2000 et 2010. Parallèlement, le nombre d’exploitations de 50 bêtes et plus a augmenté de 25%.
LE MOT DE L'ÉCO
C’est la fin des quotas laitiers
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— France Info (@franceinfo) 28 Mars 2015
En France, éleveurs et coopératives laitières réclament la mise en place d'un mécanisme européen en cas de crise de surproduction dans des marchés dérégulés.
Pour l'instant, Paris a reçu le soutien de la Pologne et l'Italie mais reste bien isolé à Bruxelles.
D'autant que les cours ont remonté depuis début février : la poudre de lait a pris jusqu'à 500 euros la tonne, qui se négocie à 2 350 euros.
Par ailleurs, en Irlande et aux Pays-Bas par exemple, les éleveurs sont plus optimistes et lorgnent sur les pays émergents, comme la Chine et l’Inde, où une demande pour les produits laitiers se développe.
Intervenants :
- Claire Juillet, porte-parole de la Coordination Rurale 21
- Philippe Roussin, polyculteur-éleveur à Dampierre-en-Montagne
Le prix du lait sera bientôt coté en bourse
Le mode de fixation du prix du lait est très complexeEn France, la fixation du prix du lait payé aux producteurs se fait selon un système très compliqué et opaque, ce qui a incité le groupe boursier Euronext à lancer à partir d'avril un contrat lait sur les marchés financiers.
Le mode de fixation du prix est tellement complexe que "l'éleveur ne sait pas forcément, quand il traie sa vache, combien le lait va lui être payé", explique Marie-Thérèse Bonneau, secrétaire générale de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL).
Le prix du lait résulte de savantes équations
Pour les éleveurs qui travaillent sous contrat avec des entreprises privées, le prix résulte de savantes équations élaborées à partir d'indicateurs comme les cotations du beurre et de la poudre, le prix des fromages allemands ou l'évolution des prix des produits de grande consommation. Les prix allemands font eux-mêmes référence aux prix de la coopérative néo-zélandaise Fonterra, premier exportateur mondial de lait.
Les contrats sont signés pour cinq ans et le prix peut être réajusté en fonction de la qualité du lait produit.
Pour l'autre moitié des éleveurs, ceux qui livrent leur lait aux coopératives, les prix sont fixés par le conseil d'administration de la coopérative, en fonction de différents indicateurs.
Il n'y a pas de référence unique de prix en Europe
"Il n'y a pas de référence unique de prix aujourd'hui en Europe, mais plusieurs au niveau local", explique Nicholas Kennedy, de la branche matières premières du groupe Euronext. D'où l'idée de coter en bourse les produits laitiers, afin d'obtenir un "prix synthétique" et de permettre aux industriels de se garantir contre la volatilité des prix, même si "tous les secteurs ne sont pas très heureux de voir plus de transparence sur le marché des produits laitiers", souligne-t-il.
Des contrats en euros cotés à Amsterdam
Euronext lancera début avril trois contrats sur les produits laitiers à usage industriel : le beurre, la poudre de lait écrémé et la poudre de lactosérum.
Ces contrats en euros seront cotés à Amsterdam, "au plus près du bassin de production" du lait en Europe, explique Euronext, qui n'exclut pas à terme de rajouter un contrat sur le fromage, en fonction de la demande du marché.