Corinne Nicole : de l'abattoir au conseil départemental, avec un bonnet rouge

Elle a lutté contre la fermeture de l'abattoir de volailles Tilly-Sabco, dont elle est déléguée syndicale quand elle n'est pas au volant d'un semi-remorque : Corinne Nicole, mère de cinq enfants, est désormais aussi conseillère départementale du Finistère au côté du régionaliste Christian Troadec.

"Je me suis battue avec les salariés pour sauver cette entreprise, je ne vais pas les lâcher maintenant", répond-elle à la question de savoir si elle envisage de quitter son emploi : faire la tournée de nuit des poulaillers bretons au volant d'un 44 tonnes. "Je veux absolument garder le contact avec les gens de terrain. Ça m'apporte beaucoup", assure Corinne Nicole âgée de 47 ans, également conseillère municipale de Scrignac, bourg de 800 âmes du centre-Bretagne.

Longue chevelure blonde, grands yeux bleus, Corinne Nicole reçoit dans le minuscule local planté au milieu du parking pour poids lourds de Tilly, où les chauffeurs-livreurs, tous des hommes hormis elle, prennent leur pause. De hauts casiers contre les murs, une machine à café dans un coin, une table en bois usée par le temps: le décor est triste, mais Corinne Nicole est chez elle, à l'aise et souriante. Née dans le Pas-de-Calais de parents issus du monde paysan, elle écoute à l'adolescence de la musique bretonne un peu par hasard. "J'avais les poils qui se hérissaient", se souvient-elle, évoquant son arrière-grand-père breton.

C'est dans mon ADN la Bretagne


Elle obtient un BEP sanitaire et social, se marie à 18 ans et accouche de son premier enfant un an plus tard. Elle travaille avec son mari dans une concession automobile et tient la comptabilité pendant que lui vend des Jaguar, des Mini et des Rover. 

Dix ans en une journée

En 1995, elle accomplit enfin son rêve et s'installe avec mari et enfants en Bretagne. "Je me sens chez moi ici", dit-elle. C'est en 2000 qu'elle entre chez Tilly-Sabco, où elle enchaîne les gestes répétitifs à la production. Elle y découvre des conditions de travail d'un autre âge. "Je voyais les gens vieillir de 10 ans entre le matin et le soir", se souvient-elle.

La même année, elle prend sa carte au PCF (elle le quittera en 2014) et devient déléguée CGT dans l'entreprise, qui connaît de graves difficultés à partir de 2013 avec la fin des aides européennes à l'exportation de poulets congelés. Placé en liquidation judiciaire en septembre 2014, l'abattoir est repris deux mois plus tard, ce qui permet de sauver 200 emplois sur un total de 320. "Ça n'a pas été mon combat, mais celui de tous les salariés, je n'ai été qu'un maillon dans le rouage", affirme-t-elle. "On subit les choses, mais à un moment donné, il faut être acteur", dit-elle. Elle est de toutes les batailles sociales dans le Finistère: elle bat le pavé contre la fermeture de l'abattoir Gad, celle de l'usine de saumon fumé Marine Harvest ou pour sauver les emplois chez le volailler Doux.

En 2013, elle s'engage également auprès des Bonnets rouges, contre l'écotaxe et le dumping social, et devient la porte-parole du mouvement régionaliste aux côtés du bouillonnant maire de Carhaix Christian Troadec, qui vante les qualités de "battante" de son binôme aux élections départementales. Le 29 mars, tous deux sont élus dans le canton de Carhaix avec 66,7% des voix. "C'est dans la continuité de mes engagements", assure Corinne Nicole, qui a fait sa "rentrée des classes" il y a une semaine à Quimper. "Je ne me suis pas sentie dépaysée", affirme-t-elle, tout en reconnaissant que  si la parité n'avait pas été imposée elle ne serait peut-être pas là. "Je suis sincèrement contente de pouvoir accéder à ces fonctions. C'est un autre genre de combat pour moi mais dans la continuité et la cohérence", assure-t-elle, disant vouloir se battre pour l'économie et l'emploi dans cette "Bretagne si riche".


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