Alors que le Groupe PSA renoue avec les bénéfices et que l'usine de Rennes La Janais augmente ses cadences, les intérimaires se plaignent de plannifications aléatoires et de diminutions d'heures. Ils voient leurs salaires amputés par ces périodes de chômage en violation de leur contrat d'embauche.
Le Groupe PSA est dans la 2ème année de son plan stratégique "push to pass". Le président du directoire, Carlos Tavares l’avait ainsi nommé en 2016 en référence au "bouton magique" sur les tableaux de bord des Formule 1 qui permet au pilote d'obtenir un regain de puissance au moment de doubler une voiture concurrente. Ce bouton permet d’augmenter la puissance du turbo pendant une durée limitée pour ne pas risquer la casse du moteur.
Turbo et débrayage
À La Janais les salariés intérimaires de PSA font un peu office de turbo ces derniers temps. Ils représentent en ce moment les deux tiers des effectifs (3200 salariés au total). Ils ont été embauchés par vagues à grands renforts de « job dating » et de sélections organisés avec Pôle-emploi. Objectif : faire face aux besoins de main-d’œuvre en attendant le démarrage d’installations plus robotisées au printemps 2018.Les équipes de matin, d’après midi et de nuit, construisent encore quelques 508 et surtout des SUV 5008 et sans-doute qu’en 2018 ils fabriqueront un nouveau Cross Over. Pour l’heure le Peugeot 5008 se porte bien sur le marché et le constructeur automobile doit tenir la cadence pour honorer les commandes. Actuellement l’usine produirait jusqu’à 560 véhicules par jour.
Déjà deux débrayages des intérimaires
Les 19 et 20 octobre derniers des intérimaires de l’équipe du matin ont déclenché un débrayage et le 20 octobre l’équipe d’après-midi en a fait autant. Au total 150 salariés se sont mobilisé, à 85% intérimaires selon les informations de la CGT PSA La Janais.
Le chômage au quart d’heure
Le Chômage à l’heure ou même au quart d’heure, c’est l’une des conséquences des accords de compétitivité (Nouveau contrat Social puis Nouvel Elan pour la Croissance) signés pour le dernier en juillet 2016 par cinq syndicats, représentant 80% des salariés, sauf par la CGT.Lorsqu’il y a rupture ou ralentissement des livraisons des fournisseurs, ou une panne sur une chaine de montage, on demande au salarié de partir plus vite « par exemple à 13h01 au lieu de 13h16, d’autres fois c’est une heure ici et là... donc ça ne fait pas 35 heures à la fin de la semaine. Et le samedi si vous n’avez pas 35h, vous n’avez pas non plus les heures à 125% mais seulement à 100%» nous rapporte un salarié. Ainsi à la fin du mois le salaire escompté est amputé :
« par exemple en équipe de nuit pour un salaire qui devrait être de 1700 à 1800, l’intérimaire ne va toucher que 1500 euros »
Il faut dire que ce sont de petits salaires horaires de l’ordre de 10 euros (brut) soient 1200 euros mensuels en équipe de jour.
À y regarder de près il s’agit de contrats de 35 heures dont une clause prévoit pourtant que :
« chaque semaine le salarié est rémunéré sur la base de 35 heures indépendamment du nombre d’heures effectivement travaillées »
Aussi les intérimaires ne comprennent pas pourquoi ils ne touchent pas des mois complets.
Flexibilité et reprise
Selon les intérimaires et la CGT, PSA utilise les heures chômées pour faire payer à la collectivité, via Pôle emploi, une partie des salaires.Ils réclament le paiement intégral de leur chômage depuis le début du contrat.
La direction de la Janais met en avant une lecture difficile des contrats de travail des agences d'intérim. Elle va leur proposer d'installer un bureau sur place pour être plus réactives aux exigences des salariés concernés.
Elle met aussi en avant la création de 10 emplois en CDI, les premiers depuis 2006. Un signe de reprise, dit la direction. À l'usine, beaucoup aimeraient pouvoir en profiter.