Rennes : interdiction de manifester, la préfecture déboutée

Le tribunal administratif de Rennes a suspendu un arrêté du préfet d'Ille-et-Vilaine qui interdisait de séjour dans le centre de Rennes un militant de "Ensemble". Pour l'intéressé "cette décision constitue un véritable camouflet pour Manuel Valls"

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L'arrêté avait été pris par le préfet le 16 mai, quelques jours après les manifestations contre la loi travail et les incidents qui en avaient découlé dans le centre de Rennes. Le 13 mai notamment, de nombreuses dégradations avaient été commises sur des commerces.
L'arrêté préfectoral interdisait de séjour l'étudiant de Rennes du 17 mai au 25 mai à minuit dans le centre ville.

Etat d'urgence et liberté

Le préfet avait justifié cette mesure par l'article 5 de la loi du 3 avril 1955, relative à l'état d'urgence, qui permet "d'interdire le séjour dans tout ou partie du département à toute personne cherchant à entraver, de quelque manière que ce soit, l'action des pouvoirs publics".
Le militant visé, Hugo Melchior, doctorant et enseignant à l'université Rennes II, avait saisi en référé le tribunal administratif de Rennes, estimant que l'arrêté représentait "une atteinte grave et manifestement illégale à ses libertés fondamentales" et était "disproportionné".

Décision de justice

Le Tribunal administratif de Rennes a rendu sa décision dans ces termes :

en l'absence de rassemblement prévu ou prévisible dans le centre-ville de Rennes d'ici le 25 mai à minuit, le préfet d'Ille-et-Vilaine ne pouvait pas prendre la mesure contestée sans porter une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté d'aller et venir de M. Melchior".

Le tribunal a donc ordonné la suspension de l'arrêté et condamné l'Etat à verser au militant anti loi travail la somme de 500 euros.
Plusieurs dizaines d'arrêtés préfectoraux similaires ont été pris dans toute la France pour empêcher la participation de militants anti-loi travail à des manifestations. La plupart ont été suspendus.

"camouflet pour Manuel Valls"

Rencontré ce mardi matin sur un rassemblement dans Rennes contre la loi travail, Hugo Melchior a réagi : « C’est une véritable satisfaction. Cette décision du Tribunal administratif constitue un véritable camouflet pour Manuel Valls et le Ministère de l’Intérieur : c’est une humiliation politique. Ils avaient tenté de m’atteindre par cette mesure administrative, coercitive, vexatoire et liberticide étant donné qu’ils n’avaient rien contre moi sur le plan pénal. La Justice administrative a considéré comme infondée cette mesure qui me visait. C’est une victoire politique pour le mouvement social.»
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