Camp d'été "décolonial" à Reims : la polémique enfle

Un séminaire de formation à l'antiracisme réservé uniquement aux victimes du "racisme d'Etat", excluant ainsi les personnes blanches de peau, se déroule jusqu'à dimanche au Centre international de séjour de Reims, suscitant la polémique sur sa tenue. Les politiques et la LICRA réagissent.

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"Le camp s'inscrit dans la tradition des luttes d'émancipations décoloniales anti-capitalistes et d'éducation populaire", affiche le site internet de l'événement. 180 participants s'y sont inscrits, a confirmé Sihame Assbague, co-organisatrice de l'événement aux côtés de la militante féministe radicale Fania Noël et connue par ailleurs pour être la porte-parole du collectif "Stop au contrôle au faciès".

Les organisatrices n'indiquent cependant nulle part que le camp d'été est anti-blanc, mais ont choisi de l'ouvrir uniquement aux victimes de "racisme structurel", excluant de facto les personnes blanches. "Quels que soient les groupes sociaux dominés concernés, il nous semble que oui, la non-mixité est une nécessité politique", écrivent les organisatrices sur leur site internet.

Le programme du camp d'été est consultable sur le site internet des organisateurs.

Le programme comprend des formations, ateliers et tables rondes pour "construire des résistances", allant de la "lutte anti-négrophobie" au "féminisme décolonial" en passant par la désobéissance civile.

La tenue de ce camp suscite une forte polémique, notamment sur Twitter où plusieurs utilisateurs se sont émus de ce "racisme anti-blancs". 
Interpellée sur la tenue d'un camp d'été par le député Bernard Debré le 27 avril à l'Assemblée nationale, la ministre de l'Education nationale Najat Vallaud-Belkacem avait condamné des initiatives "inacceptables", estimant qu'elles confortaient "une vision racisée et raciste de la société qui n'est pas la nôtre".

Des associations comme la Licra s'inquiètent de cette démarche, évoquant un "repli identitaire".
"Le travail de prise de conscience fait par les associations de lutte contre le racisme est légitime, mais ne doit jamais être fait de façon provocatrice d'autant que si l'accès est vraiment restreint, cela devient en plus illégal", a critiqué Noémie Michelin, responsable de l'antenne rémoise de la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra).
Le président de la Licra Alain Jakubowicz n'a pas tardé à réagir et a exprimé sa vive opposition à ce rassemblement.






Regardez le reportage réalisé par Vincent Thollet et Stiliana Peev :
 



Regardez également l'interview complète d'Alain Jakubowicz, président de la Licra, interrogé par France 3 Rhône-Alpes : 


Le président de la Licra dénonce avec fermeté la tenue du camp d'été décolonial à Reims.

Le débat porte aussi sur la légalité de la tenue d'une telle manifestation. Pour Martine Solczanski, directrice du centre de séjour, le séminaire n'interfère pas avec les principes de non-discrimination défendus par son établissement. "Nous avons traité leur demande de réservation comme tous les groupes et professionnellement ça ne me pose pas de problème", a-t-elle réagi.

Le maire (les Républicains) de Reims Arnaud Robinet déplore lui vivement l'organisation du camp et interpelle l'Etat dans un communiqué publié jeudi matin.
«Dès que nous avons été informés de la tenue de cet événement, nous avons pris l’attache des services de l’Etat, pour connaître sa position parce que nous sommes dans un lieu privé pour un événement privé et que je n’avais pas la possibilité de faire interdire un tel événement. Dans un contexte de tensions particulièrement prégnantes dans notre pays, j’ai voulu jouer l’apaisement et éviter toute communication sur le sujet. 
Je n’ai bien évidemment jamais cautionné la tenue de cette manifestation, ni donné mon accord pour qu’elle puisse se tenir dans une auberge de jeunesse dont, bien évidemment, la Ville de Reims ne gère pas les réservations. J’ai eu les services préfectoraux au téléphone pour leur signifier ma vive opposition.
Je pensais que nous aurions rapidement une réponse d’interdiction de tenue de la manifestation compte tenu des éléments de réponse de la Ministre de l’Education nationale apportés dans l’hémicycle devant la représentation nationale sur ce sujet le 27 avril 2016. Il m’a été répondu que l’Etat prendrait ses responsabilités et donnerait clairement sa position mais qui, je veux le souligner, n’engage que lui.
A ce jour, l’Etat n’a pas pris la décision que nous attendions tous, croyez bien que je le déplore.
Je tiens à dénoncer le double discours de l’Etat sur ce sujet crucial qui nous laisse, les élus locaux impuissants et vient encore ajouter de la tension à la tension dans un contexte de fragilité nationale sans précédent en permettant à de telles manifestations de se tenir".


C'est un rendez-vous qui crée la polémique. Un camp dit "décolonial" à Reims se tient pendant 4 jours. Au programme des ateliers pour "lutter contre le racisme d'Etat". Les inscriptions sont reservés à ceux qui s'estiment victime de discrimination. Certains s'emeuvent en retour d'un racisme anti-blancs - Interview : Arnaud Robinet - député-maire (les Républicains) de Reims - France 3 Champagne-Ardenne - Amanda Chaparro, Stiliana Peev

Le Front National a aussi réagi via son vice-président et conseiller régional Grand Est Florian Philippot.
Voici son communiqué : 
"Du 25 au 28 août doit se tenir près de Reims un « camp d'été décolonial » dont, selon la presse, sont de fait exclus les blancs, puisque les organisatrices en ont réservé l'accès aux seules personnes prétendument victimes du « racisme d’État français » et que pour elles le « concept même de racisme anti-blanc ne tient pas » (sic).
Plus encore dans le contexte actuel de tensions et de provocations répétées contre la République, il est parfaitement incompréhensible que le préfet du département concerné n'ait pas déjà interdit ce « camp d'été » d'apartheid, insultant pour la France dans son appellation même, et dont la « non-mixité » est revendiquée et assumée à « 3000 % » (sic) par ses organisatrices.
La tenue d'un tel événement met une fois de plus en lumière la prolifération des groupes et associations communautaristes et racialistes qui défient quotidiennement la France et ses valeurs, laissant apparaître un gouvernement totalement tétanisé et incapable d'agir. L'UMP et le PS ont organisé l'immigration massive, incité au communautarisme et toléré les expressions de haine contre la France depuis tant d'années : voilà le résultat aujourd'hui.
Pour des raisons évidentes d'ordre public, mais aussi pour des raisons hautement politiques et morales, nous demandons au préfet concerné de prendre ses responsabilités et d'interdire immédiatement ce « camp d'été décolonial » dont les motivations portent aussi gravement atteinte aux valeurs de la République et à l'unité de notre nation".

 

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