Deux des trois cargos mixtes de la compagnie maritime La Méridionale connaissent des difficultés techniques. Ces problèmes n’empêchent pas ces bateaux de naviguer, mais nuisent à la qualité de leur exploitation.
Ce type de difficulté semble se multiplier pour les compagnies qui relient la Corse au continent français. Apparemment, ces entreprises ont du mal à dégager du temps pour des périodes de maintenance technique. La concurrence acharnée que se livrent les compagnies semble expliquer, en partie, cette situation.
CMN, deux navires sur trois en réparation
La Compagnie Méridionale de Navigation (CMN), plus connue sous le nom de La Méridionale, rencontre des problèmes d’exploitation technique sur deux de ses trois navires. Le fleuron de la flotte, le Piana, navigue depuis plusieurs jours sans propulseurs d’étrave. Ils ont été démontés et sont actuellement en réparation. Ces moteurs latéraux permettent une grande manœuvrabilité dans les ports, au moment des accostages et des départs.En l’absence de propulseurs d’étrave, le Piana doit faire appel à un remorqueur pour manœuvrer dans les ports. Ceci n’a aucune espèce d’incidence sur la sécurité du navire. En revanche, cette opération a un coût de plusieurs milliers d’euros par traversée. Le navire habituellement affecté à la ligne Marseille-Bastia navigue, actuellement, sur la ligne Marseille-Ajaccio. Le port ajaccien, plus grand, permet une meilleure manœuvrabilité avec un remorqueur.
Le Piana est le dernier navire acheté par le groupe STEF, l’actionnaire de La Méridionale. Mis en service en Décembre 2011, il a été construit par le chantier naval Brodosplit de Split (Croatie). Depuis cette date, le navire a rencontré plusieurs difficultés techniques de conception. Le navire amiral de La Méridionale devrait récupérer ses propulseurs d’étraves, actuellement en réparation, avant la mi-novembre. Le Piana reprendra alors sa ligne habituelle sur Bastia.
Le Girolata s’est vu restreindre sa capacité de transport de passagers par l’organisme de certification Bureau Veritas. Au lieu de 650 passagers, le Girolata ne peut transporter que 12 personnes. Il devient provisoirement, un simple cargo (fret) au lieu de sa fonction normale de cargo mixte (fret et passagers). Le Girolata est confronté à un durcissement des normes de navigation imposées par les conventions internationales maritimes. La SOLAS (Safety of Life At Sea) a émis des normes plus strictes en matière « d’envahissement théorique (par l’eau) des navires. Il s’agit de garantir une meilleure stabilité des bateaux de commerce en cas d’entrée d’eau.
La principale conséquence de cette restriction de navigation est un report de la clientèle passagers vers les navires de la SNCM. Une autorisation de navigation avec passagers, après vérification des normes, pourrait être accordée dès la semaine prochaine selon la Direction de la compagnie.
Avec l’arrivée de la basse saison, ces difficultés techniques ne devraient pas avoir de grosses conséquences pour la compagnie. En revanche, au niveau de l’image, elles s’ajoutent à l’échec de la tentative de reprise de la SNCM par le groupe STEF.
SNCM : des moteurs sur " trois pattes "
Deux cargos mixtes de la SNCM naviguent, actuellement, avec trois moteurs au lieu des quatre habituels. Il s’agit du Paglia Orba et du Monte d’Oro. Ces pannes touchant un moteur ne présentent pas de danger pour la navigation. Les bateaux naviguent moins vite et peuvent connaitre des retards.Les deux compagnies ne peuvent effectuer de poses de navigations avant le mois de Novembre. C’est le cahier des charges de la DSP (Délégation de Service Public) qui le stipule, sauf pannes induisant un danger de navigation.
Comme pour la Méridionale, ces difficultés techniques arrivent dans un contexte de concurrence tendue entre les différentes compagnies.
Une concurrence qui pèse
Ces problèmes techniques surviennent dans une période de tension extrême induite par le redressement judiciaire de la SNCM. Chaque compagnie doit présenter son meilleur visage dans un environnement concurrentiel de plus en plus exacerbé. Ces incidents ne présentent aucun risque majeur pour la sécurité des passagers et des personnels. Cependant, ils sont scrutés par les observateurs avec la plus grande attention.Les deux compagnies concernées sont délégataires de l’actuel service public maritime (DSP). Leur situation n’est pas au mieux, dans un contexte de concurrence qualifiée de « violente » par certains.
Un concurrent tire profit de la situation, c’est la Corsica Ferries France (CFF). Depuis cette année, elle transporte plus de 80% des passagers sur les lignes entre le continent français et la Corse. Mise en cause par des syndicats de la SNCM pour « ses conditions de sécurité », CFF connait actuellement une période faste. Le groupe Italo-franco-suisse avait connu plusieurs épisodes de difficultés techniques avec des conséquences, parfois graves, sur la navigation et des manquements en matière de communication.
Mais ce qui pèse le plus dans le paysage maritime c’est bien l’avenir des liaisons entre la Corse et le continent français. Les derniers rebondissements -autour du dossier de reprise de la SNCM- concernent la pérennité de la totalité de la desserte de la Corse.