Les opposants au projet de loi antiterroriste du gouvernement appellent à manifester ce dimanche dans la capitale alsacienne mais aussi à Paris, Nantes et Nice, contre "l'instauration d'un état d'urgence permanent" avant l'examen du texte prévu mi-septembre à l'Assemblée nationale.
Parmi les signataires de cet appel figurent une centaine d'associations, syndicats et organisations dont les syndicats de la magistrature (SM) et des avocats de France (SAF), la ligue des droits de l'Homme (LDH), la CGT insertion-probation, la Cimade, le MRAP, Droit au logement, l'Observatoire international des prisons (OIP) ou encore Europe Écologie les Verts (EELV) et le parti de gauche. Après son adoption au Sénat en juillet dernier, le projet de loi, destiné à prendre le relais au 1er novembre du régime exceptionnel de l'état d'urgence en inscrivant dans le droit commun certaines de ses mesures, doit être discuté à partir de mi-septembre à l'Assemblée nationale.
"Nous voulons sensibiliser les citoyens sur les dérives de ce projet qui porte atteinte à des fondements de notre démocratie", a expliqué mercredi à la presse la secrétaire générale du Syndicat de la magistrature Laurence Blisson. "Le gouvernement prétend qu'il faudrait se sentir terroriste pour être" atteint par ce texte, "c'est faux, c'est un projet de loi dangereux pour tous", a dénoncé la magistrate. Selon elle, l'instauration de périmètres de protection dans des zones susceptibles d'être exposées à un risque terroriste seront demain "utilisés pour mieux contrôler les mouvements sociaux" et les contrôles accrus aux frontières "surtout efficaces dans la politique d'immigration". "Et puis, il y a cette importation de la logique de l'état d'urgence dans le droit commun qui permettra, sur décision du ministère de l'Intérieur ou d'un préfet, de perquisitionner ou d'assigner à résidence" des personnes qui ne sont pas mises en cause par la justice antiterroriste. "Simplement parce qu'elles appartiennent à l'entourage d'un suspect ou sont présentées par un service de renseignement comme adhérant à une idéologie", dénonce la syndicaliste parlant de "suspicion permanente".
La porte parole d'EELV, Sandra Regol, a pour sa part dénoncé la dilapidation de l'argent public dans des mesures qui n'ont pas fait la preuve de leur efficacité pour lutter contre le terrorisme durant l'état d'urgence.