Plus de 50 000 étudiants effectueront leur rentrée dans quelques semaines à Strasbourg. Un record ajouté à un autre : celui du manque de logements. En cause : la constante augmentation des loyers strasbourgeois et le déficit de places en résidences universitaires.
"Les offres partent très vite, j'ai commencé les recherches tardivement pour ne pas payer le loyer d'août."Il ne reste que quelques jours à Emilien Recht pour trouver la perle rare. L'étudiant en informatique de 20 ans a prévu de se rendre spécialement à Strasbourg pour cinq à six visites. Une stratégie risquée : de plus en plus d'étudiants s'acquittent de la période estivale pour un logement vacant.
"Les bonnes offres partent très tôt mais l'année dernière, j'ai trouvé à une semaine de la rentrée (...) Un appartement en bon état ça fera l'affaire", explique Emilien Recht qui cumule "les petits boulots à droite et à gauche" pour payer son loyer. Son budget : 300 euros. "C'est ric-rac mais ça rentre", confie-t-il, sans trop d'inquiétudes.
Comme lui, plusieurs dizaines de milliers d'étudiants cherchent à se loger dans la capitale alsacienne.
C'est plus difficile de trouver ici qu'à Paris
"On m'a dit que Strasbourg était une ville étudiante, mais c'est plus difficile de trouver ici qu'à Paris." Mégane Anquetil cherche depuis début juin. Cette étudiante en école de maquillage de 21 ans fait chou blanc malgré un budget de 500 euros. Difficile d'organiser des visites à distance. "Des annonces sont postées, cinq minutes après, elles sont prises", confie-t-elle avec anxiété.
"Certaines agences refusent d'emblée les étudiants (...) et demandent même à ce que les garants soient sur place pour signer les papiers... c'est complètement fou", complète Fanny Kaja, étudiante en communication scientifique.
+ 2,69% en un an
En ce début de mois d'août, la recherche d'appartements s'intensifie. Et se corse d'année en année... Le budget moyen d'un étudiant strasbourgeois s'élève à 790 euros, dont plus de 400 euros consacrés en moyenne au logement.
Les loyers ne cessent, eux, d'augmenter : + 2,69% par rapport à 2016. Une hausse en partie due à l'offre, inférieure à la demande.
"Nous sommes complets et plus tôt que l'année dernière", détaille une chargée de location Estudines Strasbourg européennes. Sans que la situation ne soit désespérée pour les plus tardifs. "Il y a forcément moins de choix mais il nous reste des appartements", confie Le rélais étudiants, une agence spécialisée dans la location étudiante.
5 euros, c’est ce qui reste parfois sur un compte bancaire à la fin du mois
Mais pour les étudiants en situation plus précaire, la recherche de logements tourne au calvaire.
Le dossier d'Alisson Marton a été "oublié" par l'organisme. Inscrite en master, l'étudiante originaire de La Réunion doit gérer à distance et a décidé d'écrire au directeur du Crous. "Et ça c'est rien que pour le logement, je vous explique pas pour la pêche aux aides financières quand on est toute seule."
"C’est une rentrée qui s’annonce encore plus difficile que les autres (...) il y a un boom démographique : beaucoup d’étudiants viennent d’avoir le bac et débarquent dans l’enseignement supérieur et donc, nécessairement, il y a une augmentation des demandes mais pas de logements construits", explique Colin Jude, président de l'Unef Strasbourg.
5 000 places en résidences universitaires
Le Centre régional des œuvres universitaires et scolaires propose plus de 5000 places dont plus de 200 fraîchement inaugurées dans la résidence Gallia. Un investissement total de 16 millions d'euros. Insuffisant pour les syndicats étudiants. "C'est une rénovation coûteuse qui ne répond pas aux besoins des étudiants", explique-t-il.
Les étudiants internationaux font également partie des plus mal lotis. Ils représentent plus de 20% du campus et s'adressent en priorité au Crous. "Nous ne sommes pas en mesure de tous les accueillir et, eux, ils n'ont pas de famille ou d'amis si besoin", explique le représentant syndical.
Responsable UNEF Strasbourg