Une centaine d'opposants au projet Cigéo de stockage de déchets radioactifs à Bure, entre Meuse et Haute-Marne, ont lancé ce dimanche une opération "barricades agricoles", en lieu et place de la future voie ferrée qui doit acheminer les déchets radioactifs.
L'opération a démarré vers 10h30, sans incident, en présence des gendarmes, sur un terrain de 3 hectares appartenant aux antinucléaires, sur la commune de Luméville-en-Ornois (Meuse), à quelques kilomètres de Bure.
Les manifestants étaient appelés à "coller des pains à l'Andra" (Agence nationale de la gestion des déchets nucléaires), en semant notamment du blé à pain, du seigle, des pommes de terres mais aussi des semences pour ériger des haies d'arbres fruitiers et d'épineux pour "empêcher la destruction de cette parcelle par des pelleteuses".
La parcelle est située sur le tracé d'une future voie ferrée destinée à convoyer vers Bure des trains chargés de déchets radioactifs, en provenance notamment de La Hague (Manche) et de Cadarache (Bouches-du-Rhône).
"Nous dénonçons l'industrialisation de la campagne et la nucléarisation de ces terres", a déclaré leur porte-parole. "Il y a des semences sur chaque mètre carré pour montrer la diversité et la richesse de notre patrimoine face à la standardisation alimentaire et au développement de l'agro-business."Les territoires ruraux sont en train de devenir des poubelles de la ville
Les antinucléaires ont été rejoints par des habitants, des agriculteurs, des agents forestiers mais aussi des membres de la confédération paysanne et du réseau européen "Reclaim the Fields", qui rassemble des paysans sans terre.
Les anti-Cigéo affirment que 300 hectares de terres ont été retirés à l'usage agricole dans le cadre du projet de l'Andra depuis septembre 2015.
La résistance continue
Depuis 20 ans, le projet Cigéo d'enfouissement à 500 mètres sous terre de déchets radioactifs à Bure, aux confins de la Meuse et de la Haute-Marne,cristallise les luttes entre partisans et détracteurs du projet.
Le 14 août, plusieurs centaines de militants anti-Cigéo avaient abattu, dans un bois à Mandres-en-Barrois, les pans d'un mur de protection du chantier de l'Andra, qui faisait l'objet de plusieurs semaines de lutte.
Une décision du tribunal de grande instance de Bar-le-Duc avait suspendu ce jour-là les travaux menés par l'Andra, estimant qu'ils nécessitaient une autorisation de la préfecture.