Des élèves du lycée Freppel d'Obernai ont pu échanger ce matin avec deux anciens résistants.
A 91 et 92 ans, les deux hommes continuent à témoigner et à défendre l'engagement citoyen et les valeurs humanistes face à la montée de l'intolérance et du totalitarisme.
Ils avaient leur âge, 17 ans, quand ils se sont engagés dans la résistance, tous deux en Haute-Savoie.
Aujourd'hui, ils témoignent. Mieux, ils transmettent.
Des valeurs telles que la liberté, l'humanisme et la camaraderie. Bien mises à mal aujourd'hui.
Jean Gilbert, la camaraderie chevillée au corps
Jean Gilbert est né le 14 mars 1925 à Cruseilles en Haute Savoie où il grandit jusqu’en 1937, puis il entre au pensionnat Saint-Joseph de Thonon.
En juin 40, de retour à Cruseilles en raison de l’invasion allemande, il voit des soldats français s’enfuir sur la route d’Annecy à Genève.
La honte et la douleur partagent le jeune homme de 15 ans, désireux de se battre.
Un oncle lui parle de l’Appel du 18 juin : à la première occasion, il décide de rejoindre les Forces Françaises Libres.
Jean travaille pour financer le voyage et ne parle à personne de sa famille de son projet, qui se concrétise en janvier 1943.
Le fugitif passe par Perpignan et grâce à l’aide d’un curé rejoint dix candidats au passage en Espagne qui s’effectue dans la neige, le 10 janvier 43.
Dénoncés, ils sont arrêtés et emprisonnés deux mois à Figueras où ils subissent des conditions de détention pénibles et la faim au ventre. Ils sont ensuite transférés à Gerona où Jean fête ses 18 ans et rencontre Maurice Sentenac, qui souhaite rejoindre les F.F.L en Afrique.
En juin ils se rendent à Madrid pour y attendre un vrai faux passeport canadien afin de gagner Gibraltar où ils arrivent finalement tous les trois en juillet 1943.
Interrogés par les Anglais, ils signent finalement leur engagement pour les F.F.L et reçoivent leur équipement anglais
Jean Gilbert et Maurice Saintenac rejoignent la 1e D.F.L au Cap bon en Tunisie en septembre 1943. Jean est affecté au 1e Régiment d’Artillerie où il intègre le groupe Liaison infanterie et reconnaissance.
Ensuite c'est une longue histoire faite de combat et d'héroïsme.
Faite aussi de camaraderie.
Un lien fort, vital pour ce bataillon éclectique.
C'est cela que Jean Gilbert souhaite transmettre aujourd'hui. Les liens de la fraternité.
De cette camaraderie qui n'a pas de pays. Si ce n'est celui de la Liberté.
©France 3 Alsace
Jean Gilbert est officier dans l’ordre national de la Légion d’Honneur.
Il est décoré de la médaille militaire, de la croix de guerre 39-45 avec une étoile d’argent et deux étoiles de bronze, de la croix du combattant volontaire et de la médaille des évadés.
Walter Bassan, l'indigné
Walter Bassan, lui nait en Italie, en 1926, dans une famille déjà engagée contre le fascisme du régime de Mussolini.
Son père, afin d'éviter l'oppression du régime, s'expatrie en Belgique, puis en France, en Haute-Savoie.
En 1943, à l'âge de 17 ans, il rejoint un groupe de 25 jeunes de la résistance intérieure française.
Ils sont dénoncés à la Milice et arrêtés le 23 mars 1944.
Ils sont emmenés à l'intendance d'Annecy où sévissait la section politique anti-communiste et sont interrogés sous torture. Après un mois passé là-bas, ils sont transférés à la prison Saint-Paul, à Lyon.
Environ 700 résistants du Rhône y sont prisonniers.
Lors du bombardement de l'avenue Berthelot, le groupe de Walter sort de leurs cellules respectives et prennent le pouvoir en prison, mais cela ne les libèrera pas pour autant.
Ils sont ensuite mis dans des wagons.
Ces jeunes pensaient être envoyés en Allemagne afin d'y travailler mais, en descendant du train, ils se retrouvent au camp de Dachau.
De cette expérience, Walter Bassan garde surtout une leçon : celle de la résistante. Envers et contre tous les fascismes,
Aujourd'hui encore, à 92 ans, le vieil homme résiste et met en garde.
Contre le danger de la montée des extrémismes en Europe.
Le combat n'est jamais fini.
©France 3 Alsace
Walter fait partie de l'association Citoyens Résistants d'Hier et d'Aujourd'hui.
Il est décoré de l’ordre de commandeur des palmes académiques le 4 décembre 2016.
En 2009, un documentaire du réalisateur Gilles Perret lui est consacré.
Documentaire dans lequel, Walter entre en résistance contre ... Nicolas Sarkozy et la casse systématique des services publics et des valeurs du Conseil National de la Résistance.
Notre reportage
©France 3 Alsace