Suicides au centre pénitentiaire de Nancy: "la prison reste un choc psychologique pour les détenus"

Un détenu s’est pendu dans sa cellule au centre pénitentiaire de Nancy samedi 1er juin. C’est le troisième suicide en moins d'un mois. Fadila Doukhi, surveillante et déléguée régionale FO Pénitentiaire à Nancy, remet en question le système carcéral et son manque de moyens.

En l'espace d'un mois, trois détenus se sont donné la mort en détention, à la prison de Nancy, le dernier s'est pendu dans sa cellule samedi 1er juin 2019. Le personnel pénitentiaire s'alarme de la forte hausse des suicides. Une situation inédite qui préoccupe Fadila Doukhi, surveillante et déléguée régionale FO Pénitentiaire à Nancy. 

Peut-on prévenir cette situation, c'est à dire un suicide ?

"S'il s'agit d'une personne qui a déjà annoncé qu’elle voulait se suicider, on peut prévenir un passage à l'acte en donnant une tenue adaptée, une combinaison et en mettant la personne dans une cellule particulière. Mais très souvent on ne peut rien faire. Car on ne peut pas prendre en charge un détenu sur une longue durée. Il faudrait un personnel de surveillance avec la personne toute la journée et on a pas les moyens humains. La prévention du suicide reste donc très difficile en détention. Surtout sur les personnes qui n'ont pas un profil suicidaire. Avec une surpopulation carcérale, par exemple à Nancy, il y a plus de 820 personnes pour 680 places".

Qu'est-ce qui peut expliquer cette recrudescence de suicides, trois détenus en un mois sont passés à l'acte ? 

"Un détenu qui veut vraiment se suicider, en trois minutes il peut le faire. Les détenus connaissent exactement les habitudes des personnels de surveillance, les heures de passage. Aussi, il y a des personnes qui sont très fragiles psychologiquement, qui n’ont pas leur place au sein d’une structure pénitentiaire. Certains détenus ne supportent pas du tout l’incarcération et la prison, il faut le rappeler, "c’est la maison de la délinquance", très criminelle. Dans un climat de tensions permanentes et de pression."

La construction des nouvelles prisons, excentrées, rajoute-t-elle de l'isolement à l'isolement ?

"Oui et la structure de Nancy est particulièrement inhumaine. Les détenus, et le personnel surveillant le pense aussi. Les familles et même les avocats viennent de moins en moins, car on est trop loin du centre-ville. Et en plus on a rajouté de l’isolement à l'intérieur de la prison, car les bâtiments sont isolés entre eux. Il y aussi un manque d’activité hormis les promenades et le sport."

 
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