Les magasins Tati en cessation de paiement, craintes pour l'emploi

Le vichy rose de nouveau au tribunal: l'enseigne de mode à bas prix Tati est en cessation de paiement depuis vendredi, ouvrant la voie à un probable redressement judiciaire pour changer de mains, 10 ans après avoir été reprise par Eram. L'enseigne compte 18 magasins dans les Hauts-de-France.

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"J'ai déclaré hier (vendredi, NDLR) la cessation de paiement des sociétés du pôle Agora qui comprend la marque Tati", a déclaré Michel Resseguier, le dirigeant d'Agora Distribution qui regroupe Tati et les autres enseignes à bas prix du groupe Eram (Fabio Lucci, Gigastore et Degrif'Mania). En difficulté depuis plusieurs années, Tati a été mis en vente en février par son propriétaire. L'enseigne emploie plus de 1 700 personnes et exploite quelque 130 magasins en France, dont 18 dans la région Hauts-de-France, à Lille-Hellemmes, Amiens, Valenciennes, Arras, Beauvais, Boulogne-sur-mer, Calais, Saint-Omer, Louvroil,  Bruay-la-Buissière, Lys-lez-Lannoy, Hénin-Beaumont, Vendin-le-Vieil, Soissons, Chambry, Venette, Saint-Maximin et Chambly.  

"La direction de Tati nous a annoncé hier (vendredi), lors d'une réunion extraordinaire, avoir déposé un dossier de redressement judiciaire devant le tribunal de commerce, alors que six repreneurs sont officiellement intéressés par le rachat des magasins", s'est étonnée Nicole Coger, déléguée syndicale CGT, premier syndicat de l'enseigne. "Il y a un mois pourtant, le groupe Eram affirmait que Tati n'avait plus aucune dette. Aujourd'hui, il dit que 6 millions d'euros de dettes ont été cumulés en trois mois. Résultat de la manoeuvre, le groupe Eram pourrait faire payer sa dette et le plan de licenciements par les contribuables", a-t-elle déploré, craignant pour la survie de "plus de 700 emplois". Un chiffre qui colle avec l'espoir de la direction de sauver plus de 1 000 emplois.

Audience mardi

Le PDG du pôle Agora, dont Tati et ses magasins du quartier parisien de Barbès constituent le fleuron, explique avoir choisi de passer devant le tribunal de commerce en raison du profil des offres reçues. "Nous avons reçu sept offres de bonne qualité, mais toutes comportaient des conditions suspensives. Compte tenu des caractéristiques de la plupart de ces offres, il m'a semblé que le meilleur moyen pour leur permettre de prospérer et d'aboutir, c'était de passer par une procédure de prépack-cession", a déclaré M. Resseguier, confirmant des informations du journal Le Monde.


Ce processus de cession judiciaire accélérée permet au tribunal de se prononcer dans des délais assez courts. Car l'objectif déclaré de la direction est "d'arriver à faire aboutir les cessions vers la mi-juin", selon M. Resseguier. "J'aurais préféré une reprise des titres: dans ce cas-là, vous reprenez tout. Je n'ai reçu qu'une offre sur les sept en ce sens et elle est assortie de conditions suspensives tellement dures, tellement exigeantes, qu'elle a très peu de chances d'aboutir", a-t-il expliqué pour justifier sa décision.  La première audience devant le tribunal de commerce de Bobigny est prévue ce mardi après-midi, a indiqué M. Resseguier, alors que les salariés ont prévu de se mobiliser pour des actions dans les tout prochains jours, selon la CGT.


Le groupe Gifi sur les rangs

L'ensemble des élus syndicaux, selon la CGT, a refusé de voter la mise en redressement judiciaire comme demandé par la direction. "Cela va trop vite", a jugé Mme Coger. Son syndicat demande l'ouverture immédiate de négociations avec le groupe Eram. Parmi les marques d'intérêts figure une offre ferme du dirigeant-fondateur de Gifi, groupe spécialisé dans la décoration à petit prix.

Philippe Ginestet propose de conserver la marque et l'activité de Tati, et de reprendre plus de 100 magasins et environ 1 200 salariés, a indiqué une source proche du dossier. Malgré une stratégie de diversification de son offre et d'internationalisation, Tati a enregistré l'an dernier une baisse de ses ventes et un déficit, selon Agora Distribution. L'enseigne avait notamment ouvert, le 2 septembre dernier, un magasin à Casablanca, la capitale économique du Maroc.

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