Rixes entre migrants à Calais : "la misère est tellement grande"

Les conditions de vie dans le camp exacerbent les tensions communautaires. 

Société
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"Dans un contexte très sécurisé, le passage en Angleterre est plus compliqué. Quand vous êtes déboutés ailleurs et qu'on ne vous laisse pas passer, vous devenez fou et ça part en bagarre pour des bêtises" déplore Vincent de Coninck, chargé de mission pour le Secours catholique.

Des rixes entre Afghans et Ethiopiens


Dans la nuit de lundi à mardi puis mardi midi, des rixes successives impliquant jusqu'à 150 migrants, selon la préfecture du Pas-de-Calais, ont opposé des groupes d’Ethiopiens et d’Afghans. Ces violences, que les autorités ont tenté tant bien que mal de juguler, ont fait 21 blessés légers.

Les deux groupes se renvoient la responsabilité de l’origine des troubles : on évoque des problèmes lors de la distribution de nourriture dans l’un, des vols de boisson dans l’autre.

Aujourd’hui, les regards sont inquiets et fatigués rue des Verrotières à deux pas des micro-"jungles", ces campements en perpétuelle reconfiguration sous la pression policière.

Des conditions de plus en plus dures


"La misère est tellement grande que ça exacerbe les différences culturelles et donc les tensions communautaires", juge Sylvain, cofondateur du hangar de stockage de l'Auberge des migrants.

"C'est beaucoup plus compliqué qu'avant pour nous, l'État nous empêche souvent d'organiser la distribution (de nourriture ndlr) par communautés", explique-t-il.

Pour lui, les migrants sont à cran en l'absence d'abris, de tentes et de douches.

Les associations analysent les rixes des dernières 48 heures comme le fruit de tensions nées il y a plusieurs semaines, avec la hausse du nombre de migrants, plus que jamais livrés à eux-mêmes, qui atteint aujourd'hui entre 450 et 750 personnes selon que l’on se fie à la préfecture ou aux associations.

"Comment peut-on s'entretuer ?"


"Hier et aujourd'hui, les discussions ont été difficiles avec les Éthiopiens parce qu'il n'y a pas de leader direct, témoigne un agent de l'Ofii (Office de l'immigration et de l'intégration) sous couvert d'anonymat.  Maintenant il faut parler avec les Afghans aussi pour espérer apaiser les tensions. (...) Aujourd'hui il y a une peur de les voir revenir" pour en découdre.

Mass, Éthiopien de 26 ans dont le petit frère est blessé à la tête et aux pieds, s'emporte: "Alors qu'on est tous dans une dure situation et qu'on a en commun de vouloir partir en Angleterre, comment peut-on s'entretuer ? "
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