La délocalisation de Whirlpool Amiens vue par les ouvriers polonais de Lodz

La visite de Marine Le Pen et d'Emmanuel Macron à l'usine Whirlpool d'Amiens a mis sur le devant de la scène la délocalisation de l'usine en Pologne. Loin du tumulte de la présidentielle, les ouvriers polonais de Lodz, eux, restent indifférents et fatalistes.

L'essentiel du jour : notre sélection exclusive
Chaque jour, notre rédaction vous réserve le meilleur de l'info régionale. Une sélection rien que pour vous, pour rester en lien avec vos régions.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "L'essentiel du jour : notre sélection exclusive". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

La bataille Macron/Le Pen qui oppose les deux présidentiables français sur la délocalisation en Pologne de l'usine Whirlpool d'Amiens laisse froids les ouvriers polonais, fatalistes sur le sort de leurs confrères français.

Dans le contexte de la fermeture de cette usine du nord de la France, qui doit conduire à la mise au chômage de quelque 290 ouvriers français, le candidat centriste Emmanuel Macron a évoqué d'éventuelles sanctions contre la Pologne, propos qualifiés de "malvenus" par le gouvernement conservateur nationaliste polonais qui en a dénoncé le "populisme à l'état pur".

Ca fera plus de travail pour nous.

"Honnêtement, ça m'est égal. Ca fera plus de travail pour nous. Du moment que j'ai un emploi...", déclare à l'AFP Tomasz, employé de l'usine Whirlpool à Lodz, un complexe de bâtiments industriels s'étendant sur plus de 20 hectares dans la banlieue de la troisième ville de Pologne, forte de 700.000 habitants.

Son collègue Marcin y voit la logique d'un grand consortium qui "veut délocaliser pour produire au prix le plus bas. Malheureusement, ce sont les règles du marché".
 
Franciszek, un sexagénaire moustachu et souriant, vêtu d'un bleu de travail fluorescent, dit avoir "bien connu tout ça, et à beaucoup plus grande échelle", dans cette ancienne grande usine de textile transformée en site d'électroménager par l'italien Indesit, racheté finalement par Whirlpool en 2014 pour 750 millions d'euros. 


La délocalisation de l'usine française s'est retrouvée sur le devant de la scène à l'occasion de visites parallèles à Amiens, mercredi, d'Emmanuel Macron et de sa rivale d'extrême droite Marine Le Pen, souverainiste et très critique envers l'Union européenne.


M. Macron a accusé la Pologne de "jouer des écarts fiscaux sociaux au sein de l'Union européenne". Interrogé par l'AFP, Waldemar Krenz, le leader régional du syndicat Solidarité, rappelle d'abord la fuite massive des capitaux et de la main-d'oeuvre que Lodz, l'ancien grand centre du textile de Pologne, avait connue depuis la chute du communisme en 1989. 

"Le textile est alors parti en Chine. Des milliers de gens se sont retrouvés au chômage", souligne-il, et aujourd'hui "les hommes politiques, les candidats à la présidence ne se soucient pas qu'on gagne en Pologne quatre fois moins en faisant presque le double du travail" comparé à ce qui se passe dans nombre de pays de l'UE. A l'usine de Lodz, un ouvrier - de plus en plus souvent ukrainien - gagne environ 500 euros par mois.


On n'a pas besoin de sermons ni de réprimandes


Et d'attaquer les politiciens qui "s'accrochent à un conflit ponctuel parce qu'ils n'ont aucune solution à proposer pour l'UE entière". "On n'a pas besoin de sermons ni de réprimandes, et c'est trop facile d'opposer les uns aux les autres, les syndicats, les employés ça et là", tonne-t-il.

Des malentendus


Selon Witold Orlowski, le chef des conseillers économiques de PricewaterhouseCoopers (PwC) en Pologne, il y a surtout "beaucoup de malentendus" dans la discussion.

"La Pologne et l'Europe centrale ne font pas de dumping social, contrairement à ce qu'on dit. Les conditions de travail y sont alignées sur les normes européennes. Les Polonais ou les Tchèques acceptent des salaires plus bas, comme en Espagne on accepte aussi des salaires inférieurs à ceux pratiqués en France", déclare-t-il.

Et les emplois perdus à Amiens l'étaient de toute manière, estime l'économiste: s'ils n'étaient pas délocalisés en Pologne - et donc restés dans l'UE -, ils seraient vraisemblablement partis en Chine ou ailleurs en Asie.


Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information