Apéritif convivial ce vendredi midi devant les locaux de France Bleu Roussillon. Les auditeurs étaient nombreux à venir soutenir le personnel de la radio en grève depuis 16 jours. Ils s'inquiètent du projet de la direction de Radio France de supprimer trois heures d'antenne locale.
Au seizième jour de grève à Radio France, journalistes, animateurs et techniciens ont éprouvé le besoin d'aller à la rencontre de leur public, privé d'antenne. A Perpignan, France Bleu Roussillon a ainsi improvisé un apéritif devant les locaux de la radio pour expliquer les raisons du conflit, le plus long depuis 10 ans.
Vote d'une motion de défiance
La tension est montée d'un cran dans le conflit ce vendredi avec le vote d'une motion de défiance contre le PDG, Mathieu Gallet. Le conflit a été reconduit massivement lors d'une assemblée générale du personnel à laquelle assistaient 300 à 400 salariés. Aujourd'hui, un tiers des journalistes était en grève à France Inter et France Info, 75% à France
Culture et dans les antennes locales de France Bleu, selon le Syndicat national des journalistes.
L'intersyndicale, vent debout contre le patron du groupe public, a réclamé "un véritable projet d'avenir, et non le démantèlement de la radio de service public". "On ne peut plus discuter avec l'équipe actuelle qui est complètement discréditée, il n'y a plus aucune négociation depuis trois jours", a déclaré un élu CFDT.Mathieu Gallet a dit que Radio France risquait de ne pas passer l'été, lui doit partir sans délai, dit le texte de la motion, soutenue par les syndicats.
50 millions d'euros d'économies d'ici 2019
Fragilisé par les révélations à répétition du Canard Enchaîné mettant en cause ses dépenses, Mathieu Gallet a dit jeudi qu'il irait "jusqu'au bout", rappelant qu'il ne peut être démis que par le CSA qui l'a nommé. Le jeune dirigeant de 38 ans doit présenter mercredi, lors d'un CCE extraordinaire, son plan stratégique destiné à redresser les comptes de la Maison ronde, lourdement déficitaire. A la recherche d'économies, le gouvernement lui demande de réformer Radio France sans dépenser plus, comme il l'a fait pour d'autres acteurs du secteur public. Mathieu Gallet devrait proposer de réduire la masse salariale, via 200 à 300 départs volontaires chez les seniors, de ne conserver qu'un seul orchestre au lieu de deux, de supprimer les ondes courtes et moyennes, de pouvoir ouvrir les antennes à de nouveaux annonceurs. Des pistes qui devraient permettre de trouver 50 millions d'euros d'économies d'ici à 2019.
La fusion des rédactions semble écartée
Il demande aussi à l'Etat une rallonge d'urgence pour payer la fin du chantier de la Maison de la radio, qui plombe les finances de l'entreprise. Face au personnel de l'entreprise il a, en revanche, écarté l'hypothèse d'une fusion des rédactions de France Inter, France Info et France Culture, proposée cette semaine par la Cour des comptes. Après sa rencontre jeudi avec sa ministre de tutelle, Fleur Pellerin, et la visite d'une délégation de l'intersyndicale à Matignon, la balle semble désormais dans le camp du gouvernement. La grève a été reconduite jusqu'à mardi.
Voir le reportage de France 3 Pays catalan