Dans son moulin de Brousses-et-Villaret, dans l'Aude, la famille Chaïla fabrique du papier de la même manière depuis 1877. Des scolaires, des touristes, mais aussi des artistes, viennent régulièrement rendre visite à ce lieu hors du commun.
En 1845, la rivière de la Dure comptait 67 moulins, six d’entre eux étaient consacrés à la fabrication du papier. Un seul est encore en activité. Il se situe à Brousses-et-Villaret, dans l’Aude, où la famille Chaïla, propriétaire du moulin depuis 1877, perpétue la tradition.
Alors que le papier industriel est constitué de bois ou de papier recyclé, ceux du moulin de Brousses-et-Villaret sont faits de chiffons, de lin, de chanvre ou de coton.
La pâte à papier, son égouttage et son séchage sont réalisé manuellement par André Durand-Chaïla, le responsable du moulin.
Régulièrement, des scolaires et touristes du monde entier viennent observer la fabrication artisanale du papier. Mais il y a aussi des artistes : Catherine Cappeau, qui réalise des robes en papier, la calligraphe japonaise Ayuko Miyakawa et des calligraphes latins, qui proposent des stages en avril et pendant les vacances d’été.
Comme au Japon
Ayuko Miyakawa tombée amoureuse des lieux au hasard d'une promenade. Le moulin l'accueille en résidence depuis une dizaine d'année, elle retrouve ici « une rivière des rochers des mousses et des arbres » qui lui rappellent son Japon natal.Pour exprimer son art, le moulin fabrique pour elle des supports aux dimensions hors normes. Outre la fabrication de papier chiffon, l'alchimiste André Durand-Chaïla crée aussi des papiers originaux à base de fougère, d'ortie, de rafle de raisin et même de crottin d'éléphant : « Amenez-moi n’importe quoi, des pieds de tomates, des pieds de haricot, je vous fais du papier », s’exclame-t-il. Perpétuer la tradition, c’est aussi, parfois, savoir se renouveler.