Le tribunal de commerce de Marseille confirme, ce mercredi, la reprise de La Marseillaise/L'Hérault du jour par les éditions des Fédérés, seul repreneur encore en course. Cette reprise s'accompagne de 90 suppressions de postes sur les 208 actuels. Les agences de Sète et Béziers doivent fermer.
Malgré une volonté de développement, la reprise du quotidien du Sud-est La Marseillaise, en redressement judiciaire depuis fin novembre, passe par un difficile plan de suppression d'emplois : les éditions des Fédérés ne reprennent que 117 postes sur 208 actuellement.
Lors de la dernière audience devant le tribunal de commerce de Marseille, le parquet comme l'administrateur judiciaire avaient apporté leur soutien à cette offre, ce qui laissait augurer d'une issue favorable.
L'élément décisif a été le soutien du Fonds de développement économique et social -un prêt, souligne Pierre Dharréville-, qui a permis d'alléger d'autant le soutien bancaire nécessaire.
L'essentiel, si le tribunal en décide, c'est que La Marseillaise va continuer à vivre, à produire une information locale. (...) Que ce journal vive, c'est ce qui a déterminé mon engagement", expliquait M. Dharréville avant la décision du tribunal, défendant un quotidien - issu de la Résistance et longtemps d'obédience communiste - "qui participe grandement à la pluralité de la presse".
Communiste pur et dur à ses débuts, le journal avait ouvert sa ligne éditoriale à la fin des années 90 mais en revendiquant toujours son statut de journal d'opinion, de gauche, engagé aux côtés de la classe ouvrière et dans les guerres de décolonisation.
Malgré l'arrivée de Pierre Dharréville, responsable communiste, "on ne va pas devenir un journal d'appareil", assure Nathalie Fredon, élue SNJ-CGT, "le journal va rester ce qu'il est, ouvert à gauche".
"La première chose que nous avons dite, c'est que nous allons conserver la ligne éditoriale", affirme Pierre Dharréville.
Le projet de reprise s'articule autour de trois axes, détaille-t-il.
- "le premier, c'est le (support) papier, avec la volonté d'être plus agréable. Un journal, ça a une existence physique".
- "Le deuxième, c'est le développement sur internet", poursuit-il, détaillant sa volonté de "faire passer la sensibilité" du quotidien sur ce support.
- Le repreneur souhaite enfin développer "la présence du titre dans la société".
Le plan de quelque 90 suppressions d'emplois, réparties entre les journalistes, les services centraux et l'imprimerie externalisée, est "un déchirement" pour M. Dharréville. Il est surtout vécu comme "une épreuve" par les salariés, explique Mme Fredon. Les agences héraultaises de Sète (3 journalistes) et Béziers (2 journalistes) sont condamnées à la fermeture.
"On est confronté à cette injonction paradoxale, insupportable quelque part: on va perdre des collègues, des amis qui se sont battus pour sauver ce titre", déplore-t-elle. Les salariés, les organisations syndicales et les responsables politiques de gauche se sont mobilisés pour sauver le journal que beaucoup, il y a trois semaines seulement, voyaient disparaître.
Mais "le premier soutien, décisif, a été celui des lecteurs", explique M. Dharréville qui souligne leurs "importantes manifestations d'attachement".
La Marseillaise revendique 110.000 lecteurs, à ce jour.