Le Parti radical de gauche, dernier allié de la majorité gouvernementale, exige de l'exécutif le retrait de nombreuses mesures, dont la suppression de la première tranche de l'impôt sur le revenu proposée par Manuel Valls. Jean-Michel Baylet met en jeu le maintien de son parti au gouvernement.
Un pacte de gouvernement
Alors que débute mardi l'examen du budget 2015 au Parlement, le PRG énonce ses exigences dans un "pacte de gouvernement" qu'il soumettra lundi à François Hollande et à son Premier ministre."Avant de prendre une décision lourde de conséquence, à l'occasion de notre prochain comité directeur (vendredi), le bureau national du parti, à l'unanimité moins deux abstentions, m'a mandaté pour tenter d'élaborer avec vous un pacte de gouvernement qui permettrait, par des engagements clairs et écrits, de reconnaître l'apport radical à la majorité et aussi notre spécificité", écrit le président du PRG Jean-Michel Baylet à Manuel Valls, dans une lettre qui accompagne le document et que Le Monde a révélée.
Rester (ou non)
Celui qui a perdu son siège de sénateur aux dernières sénatoriales rappelle que "le débat est vif et dense chez les radicaux car ils s'interrogent beaucoup quant à la nécessité de rester dans la majorité gouvernementale".Dans ce pacte de majorité, M. Baylet pose plusieurs conditions. Il estime d'abord que "la suppression de la 1ère tranche de l'impôt sur le revenu" voulue par Manuel Valls "n'est pas acceptable" car "elle reporte sur moins de la moitié de la population la charge de l'impôt. Les radicaux déposeront un amendement au PLF qu'ils souhaitent voir soutenu par le gouvernement pour revenir à une véritable progressivité de l'impôt, avec un taux très réduit, mais pas à l'exonération totale".
Il réclame au passage la mise "en place de la retenue à la source de l'impôt, comme préalable éventuel du rapprochement entre l'IR et la CSG".
M. Baylet demande aussi la "suppression" de quatre mesures de la politique familiale qui "apparaissent comme particulièrement inéquitables : baisse des aides à la garde d'enfant, réduction de la prime à la naissance pour le 2ème enfant, décalage de la prime d'accueil au jeune enfant, partage du congé
parental".
Une condition sine qua non
Sur la réforme territoriale, le PRG constate que "l'évolution des conseils départementaux est envisagée à l'écart de notre formation politique. Cette question prégnante pour l'ensemble de nos militants constitue pourtant la condition sine qua non de la participation du PRG au gouvernement actuel et le maintien d'une quinzaine de conseils départementaux ne saurait remplir l'engagement pris par l'exécutif". Dès lors il réclame "que les conseils départementaux soient conservés dans les 54 départements".Le PRG veut également "le report" de l'examen du projet de loi sur les compétences des collectivités territoriales.
"Bien entendu, je souhaite pouvoir rassurer dès la fin de la semaine prochaine nos militants et nos élus sur tous ces sujets, mais dans le cas contraire, les
radicaux prendront leurs responsabilités comme en a décidé notre bureau national", prévient M. Baylet.
Le PRG dans la majorité
Le PRG compte trois ministres: Sylvia Pinel (Logement), Thierry Braillard (Sport) et Annick Girardin (Francophonie). Il compte 11 députéset 6 sénateurs. A l'Assemblée, le PS dispose de la majorité absolue, mais lorsque certains députés "frondeurs" s'abstiennent sur certains textes, le soutien du PRG peut s'avérer crucial.