5,60 euros, c'est ce qui reste chaque jour pour vivre, après avoir payé loyer et autres charges, à des milliers de personnes aidées par le Secours populaire, qui juge dans une étude rendue publique jeudi que "la pauvreté s'étend et s'enracine".
"Une part croissante de la population en est réduite à survivre", note l'association, qui a reçu en France 161.572 ménages, soit environ 450.000 personnes dans ses permanences en 2013. Parmi ces personnes, une petite moitié (46,7%) a donné des informations sur ses ressources (salaire, RSA, prestations familiales, aides au logement, etc.): 30% d'entre elles disposent de ressources inférieures à 750 euros, pour 43% elles sont
comprises entre 750 et 1.250 euros, et pour 20%, elles s'échelonnent entre 1.250 et 1.750 euros.
En moyenne, leur revenu "disponible pour vivre" est de 5,60 euros par jour et par personne pour faire face aux besoins alimentaires et vestimentaires, une fois acquittées les charges obligatoires (logement, fiscalité, transport, garde d'enfants, activités extrascolaires et crédits). Parmi elles, 19% ont un disponible pour vivre par jour et par personne compris entre 0,5 et 3 euros, et 27% entre 3,5 euros et 5 euros. Enfin, pour 6,5% de ces personnes ce disponible pour vivre est "négatif ou nul". Mais la précarité ne touche pas que les bénéficiaires du Secours populaire. Dans le baromètre annuel Ipsos sur la perception de la pauvreté par les Français que l'association dévoile aussi ce jeudi, 55% des personnes interrogées déclarent avoir été sur le point de connaître la pauvreté et 35% d'entre elles ont vu leur crainte se matérialiser en 2014.
Conséquences: les soins sont hors de portée pour beaucoup. 19% ont renoncé au moins une fois à l'achat de prothèses dentaires et 13% l'ont retardé de plusieurs mois, tandis que 18% ont renoncé à se rendre chez le dentiste et 10% ne l'ont fait qu'au bout de plusieurs mois. 14% ont également retardé l'achat de lunettes ou de lentilles, 17% une consultation ophtalmo, 13% l'achat de médicaments, et 10% une consultation chez un généraliste. Une majorité des sondés (66%) disent connaître un proche en situation de pauvreté, dont 29% dans leur propre famille, et 86% estiment que leur enfants ont plus de risques qu'eux-mêmes de tomber dans la pauvreté. Sondage réalisé du 4 au 5 juillet 2014 auprès de 1.006 personnes représentatives de la population française de 15 ans et plus (méthode des quotas).