Pour protester contre le manque de répression à l'égard d'UberPOP, activité déclarée illégale par la préfecture, des chauffeurs de taxis ont livré à la police des chauffeurs qui continuent à transporter des usagers.
Dans la banlieue de Lille, un guet-apens a été tendu par des membres du syndicat Union des taxis (UNT) du Nord à un chauffeur UberPop, qui a été remis à la police, dans le but de faire respecter l'arrêté d'interdiction publié fin mai par le préfet du Nord. « Nous avons commandé une voiture grâce à l’application Uber Pop, toujours active, explique à 20 Minutes Lille Bruno Lambrechts de l’UNT. Un collègue est monté dedans pour se faire conduire jusqu’à B’Twin village, à Hellemmes, où une trentaine de taxi attendaient. » Le chauffeur âgé de 70 ans a été entendu par la police. La procédure sera transmise au parquet de Lille qui décidera, ou non, de le poursuivre. D'autres "guet-apens" de ce type sont annoncés par les chauffeurs de taxis dans les heures et jours qui viennent.
Victimes de plusieurs guet-apens organisés ces derniers jours à Strasbourg, Nice ou Nantes par des taxis en colère, les chauffeurs d'UberPOP subissent aussi une pression accrue du gouvernement, qui a annoncé jeudi avoir saisi le délégué national de lutte contre la fraude. Des "dizaines" de chauffeurs du service UberPOP --une application mobile qui organise le transport entre particuliers-- ont porté plainte en France après avoir été agressés
par des chauffeurs de taxi en colère, notamment à Strasbourg où deux "guet-apens" ont eu lieu depuis mardi, a indiqué jeudi à l'AFP un responsable d'UberPOP.
"Nous ne suspendons pas nos activités"
"Nous sommes en train de recenser les plaintes. Plusieurs dizaines ont été déposées pour des faits d'agression et de dégradations de véhicules", a déclaré le directeur de la communication d'Uber pour l'Europe de l'ouest, Thomas Meister, qui dénonce des "méthodes de voyou", "totalement scandaleuses". "Malgré les arrêtés préfectoraux, nous ne suspendons pas nos activités", a souligné M. Meister, car "nous considérons que c'est aux tribunaux de se prononcer, pas au pouvoir exécutif". UberPOP, qui voit dans ces arrêtés une "immixtion de l'exécutif dans l'ordre judiciaire", affirme ne pas contrevenir à la loi.Mais le gouvernement a annoncé jeudi qu'il avait saisi le délégué national de lutte contre la fraude pour combattre ce type d'activité, notamment via des contrôles "en matière fiscale et sociale". "Les taxis et les VTC sont aujourd'hui confrontés à l'activité totalement illicite et incontestablement illégale des taxis d'UberPOP", a précisé devant le Sénat le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve. Selon lui plus de 420 procédures ont été engagées depuis la fin de l'année "avec des suites pénales qui ont été données par l'autorité judiciaire". Les organisations de taxis ont appelé mercredi le gouvernement à faire cesser "immédiatement" les applications mobiles qui organisent le transport entre particuliers, en menaçant d'un mouvement national illimité à partir du 25 juin.