Des prénoms ont été attribués à l'état civil aux huit bébés tués à leur naissance par Dominique Cottrez et dont les cadavres ont été découverts en 2010, à une semaine du procès aux assises du Nord, a-t-on appris de source judiciaire vendredi.
"J'ai saisi le tribunal de grande instance en matière civile pour obtenir un jugement supplétif d'acte de naissance, puisque les enfants n'ont pas été déclarés à l'état civil et ne peuvent plus l'être par les parents", a annoncé à l'AFP le procureur de la République de Douai, Eric Vaillant. "La décision a été rendue le 10 juin et m'a été notifiée le 17 juin: les huit enfants, garçons et filles, ont un prénom", a-t-il ajouté.
En juillet 2010, huit cadavres de nouveaux-nés avaient été découverts dans un pavillon et un jardin de Villers-au-Tertre. Leur mère, Dominique Cottrez, aide-soignante alors âgée de 46 ans, avait reconnu pendant l'instruction avoir tué les huit bébés, expliquant notamment avoir agi par crainte que les enfants soient de son propre père, avec lequel elle dit avoir eu une relation incestueuse.
"On parle d'enfants vivants et viables, et dans toute société organisée, ceux-ci sont déclarés à l'état civil", s'est justifié le procureur de Douai. "A la fin du procès, il faudra envisager l'inhumation des corps, et il faut cette déclaration à l'état civil pour la rendre possible", a encore expliqué M. Vaillant.
"On essaie de donner l'apparence d'une existence à des enfants dont on a nié la possibilité de vivre", a réagi auprès de l'AFP Me Yves Crespin, avocat de l'association L'enfant bleu - Enfance maltraitée, constituée partie civile au procès qui s'ouvre jeudi. "Peut-être que le fait de leur donner une existence légale permettra à la famille de se constituer partie civile plus facilement", a avancé Me Crespin.
Mme Cottrez avait été un temps poursuivie pour "dissimulation ayant entraîné une atteinte à l'état civil d'un enfant", mais ce chef n'avait finalement pas été retenu lors du renvoi de l'accusée devant la cour d'assises du Nord.