Quelque 80 agents grévistes de la centrale nucléaire de Gravelines, la plus puissante de France, effectuaient jeudi matin un barrage filtrant à proximité de la centrale contre la loi Travail, assurant cependant qu'aucune baisse de charge n'avait lieu.
A l'appel de la CGT, les grévistes ont mis le feu à des pneus sur la chaussée à 500 mètres du site nucléaire, occasionnant plusieurs kilomètres de bouchon. Ils distribuaient des tracts contre la loi Travail et appelaient les automobilistes, compréhensifs, à rejoindre la manifestation de 15H00 à Dunkerque. Si, selon Claude Lavigne, responsable CGT sur le site, "80% des agents" étaient grévistes cette nuit, la centrale n'a pas connu de baisse de charge car "ce sont des jeunes cadres opérateurs qui ont été placés à la manoeuvre", estimant cependant que "cela pourrait évoluer dans la journée".
Manif contre la loi travail : distribution de tracts devant la centrale nucléaire de Gravelines depuis 6h00 ce matin pic.twitter.com/oyXjwpvWXY
— Emmanuel Bouin (@emmanuelbouin) 26 mai 2016
Sur les six réacteurs que compte la centrale, deux sont actuellement en maintenance et trois sont en "période d'essai" et ne peuvent pas être arrêtés, selon le syndicaliste. La marge de manoeuvre des grévistes se situe donc sur le dernier réacteur d'une puissance d'environ 900 mégawatts. S'il venait à être éteint, la centrale pourrait connaître une baisse de charge de sa production allant jusqu'à 25%. Dans une ambiance détendue et sans la présence de forces de l'ordre, les agents grévistes, rejoints par des prestataires et quelques retraités, distribuaient également du café avec de la musique en fond sonore.
Baisses de charges électriques ?
"En tout en France, on comptabilise 5.000 mégawatts de baisse de charge", soit l'équivalent de "5 à 6 réacteurs", a expliqué M. Lavigne. Les grévistes ont répondu à l'appel lancé mardi par la CGT-Energie pour un mouvement d'action, notamment dans les centrales nucléaires, "le plus fort possible" jeudi contre la loi Travail et la dégradation de la filière, n'excluant pas "des baisses de charges" électriques.Dans le même temps jeudi, les syndicats opposés à la loi El Khomri, la CGT et FO en tête, appellent à une huitième journée de grèves et de manifestations partout en France pour réclamer le retrait du texte. Le mouvement avait été initié mardi à la centrale de Nogent-sur-Seine (Aube), dotée de deux réacteurs, et où une baisse de charge avait été votée lors d'une assemblée générale du personnel où étaient présents une centaine de salariés.