Un photojournaliste bordelais blessé par un tir de flashball de la police

Dimanche 23, Ugo Amez a reçu un tir de flashball de la police, au cours d'une manifestation. Le photojournaliste se trouvait pourtant en-dehors du cortège. "Ce tir ne se justifiait à aucun moment, encore moins sur la presse", dénonce-t-il à Rue89 Bordeaux.

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Dimanche soir, une manifestation sauvage éclate à Bordeaux. Des jeunes, venus protester à l'issue du premier tour de l'élection présidentielle, encadrés par une dizaine de cars de CRS.

Photographe professionnel, il couvre la manifestation et s'avance seul, entre le cordon de CRS et la tête du cortège. Lorsqu'il est touché par un flashball de la police.


Il témoigne à Rue89 Bordeaux : "J’ai senti l’impact pendant que je marchais, je n’ai pas vu le gars tirer. Je ne suis pas tombé mais ça m’a bien stoppé, et quand j’ai levé la tête j’ai vu les CRS avec des flashballs. Je me suis mis sur le côté, je leur ai montré ma carte de presse, et j’ai demandé à voir le commissaire, qui n’a pas voulu faire de commentaire."

Constatant la blessure, son médecin lui prescrit 3 jours d'arrêt de travail. Un temps qu'il dit passer à "beaucoup gamberger" :

Si c’était une balle perdue, le policier visait extrêmement mal car je n’étais pas dans la manif, mais à une dizaine de mètres devant et face aux flics. À aucun moment ils n’ont prévenu qu’ils me mettaient en joue. Si l’impact m’a touché au flanc gauche, il aurait pu casser mon appareil photo, ou pire. J’espère juste que c’est la bêtise d’un homme et pas une espèce d’escalade dans les méthodes de gestion des manifs. C’est la seule chose qui m’inquiète.

"Ce tir ne se justifiait à aucun moment, encore moins sur la presse"


Il ajoute : "Je ne les ai jamais vu tirer comme ça sans sommation. Pourtant, il ne se passait rien, c’était juste des gamins qui courraient partout, ce tir ne je justifiait à aucun moment, encore moins sur la presse. Même si j’avais été un manifestant, il n’y avait pas de raison de tirer. Il ne faudrait pas que cela devienne une habitude, alors qu’on a toujours travaillé en bonne intelligence avec les manifestants et avec la police"

Contacté par téléphone, Ugo Amez déclare ne pas souhaiter porter plainte. "Je veux juste que la Préfecture soit au courant et calme le jeu auprès de ses troupes. Et puis mon objectif, c'est aussi d'alerter les autres photographes et journalistes".


Pour sa part, le Club de la Presse contacté par Rue89 Bordeaux a tenu à exprimer "son inquiétude devant la dégradation des conditions de travail des journalistes couvrant la campagne présidentielle : injures, dénigrements et violences ne leur sont pas épargnés. À quelques jours de la Journée internationale de la liberté de la presse célébrée le 3 mai, le Club de la Presse estime que ces dérapages sont autant de menaces pour le principe fondamental de la liberté d’informer. Informer n’est pas un délit".
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