Moins 2° ce jeudi matin dans le vignoble d'Entre-deux-Mers, une catastrophe pour les viticulteurs qui n'ont pas les moyens de se payer des outils sophistiqués et onéreux pour lutter contre le gel.
Joël ne peut que constater :
Joël est un peu perdu avoue-t-il. Il est allé voir sa comptable pour chercher des solutions.La feuille est blanche, la branche va devenir marron. La sève ne pourra plus passer et donc tout va être détruit.
Il faudra trouver des solutions, abandon de certaines vignes ou des structures plus petites. Il faudra essayer d'aller jusqu'à la retraite, c'est tout.
Des conditions climatiques inquiétantes
Dans le secteur de l'Entre-Deux-Mers, l'année va être très difficile. Les conditions climatiques de ces dernières années ont mis le vignoble et les exploitations à rude épreuve.J'étais passionné mais là, je ne suis pas déprimé mais pas loin. Cinq années détruites sur 8 ans, c'est pas possible ! C'est comme si on vous payait une année sur deux, pas possible ! Les assurances, je n'y crois pas du tout. Comme c'est dur en trésorerie, on prend des assurances qui sont le minimum. Elle ne couvrent rien du tout. Concrètement, je vais toucher 0.
Un combat hors de prix
Dans l'appelation Entre deux mers, les vignerons n'ont pas les moyens de combattre le gel.Joël est désabusé. Sûr qu'il n'encouragera pas ses enfants à prendre la suite, trop dur. "Je ferai un golf à la place" ajoute-il en évoquant pourtant sa passion, ancienne, pour son métier.Les chaufferettes c'est 4.000 euros l'hectare pour un nuit, un hélicoptère ça vaut un bras. Et un ventilateur, ça vaut 1500 à 2000 euros pour 3 hectares donc c'est hors de question.
Situation critique dans le vignoble bordelais
Saint-Emilion a semble-t-il payé également un lourd tribu. Le vignoble aurait subi entre 50 et 70% de dégâts à cause du gel.Franck Binard, directeur du Conseil des Vins de Saint-Emilion confie à notre spécialiste de la viticulture Jean-Pierre Stahl :
Hervé Grandeau président de la Fédération des Grands Vins de Bordeaux évoque une situation inquiétante, la remontée des informations des différents secteurs est en cours :Hier mercredi nous avions recencé 500 hectares, un peu moins de 10% du vignoble de 7500 ha de Saint-Emilion touché par le gel de la semaine dernière. Mais aujourd’hui on a été durement touché. Il a fait facilement -2°C et on redoute encore pour demain matin. Les secteurs de Saint-Sulpice, Vignonet et Puisseguin ont bien été impactés. Certains châteaux sont gelés à 80%.
On a perdu cette nuit pas loin de 50% de la récolte à Bordeaux, c’est une catastrophe.
Le gel de ce jeudi matin est exceptionnel à cette époque de l'année. Regardez la référence précédente avec ce spécialiste de Météo France à Mérignac :
Fréquentes #gelées, jusqu'à -4°C en #Charente ce matin. A #Bordeaux (0.2°), #froid le + tardif depuis 1974 pic.twitter.com/7ZJFS4iON9
— Gaétan Heymes (@GaetanHeymes) 27 avril 2017