Parmi les familles de victimes qui ont témoigné ce mercredi devant la Cour d'assises qui juge les complices de Mohamed Merah, les familles, unies et musulames, d'Imad Ibn Ziaten, tué à Toulouse le 11 mars 2012 et de Mohamed Legouad, abattu à Montauban le 15 mars.
Ils ont pour point commun d'être des familles de victimes du terroriste Mohamed Merah et d'être aussi de confession musulmane. Un second point loin d'être négligeable tant leur vision de l'Islam est éloignée de celle présentée à la Cour par Abdelkader Merah, le frère de Mohamed Merah.
Le frère aîné Hatim, la soeur Ikram, l'autre frère Naoufal et enfin la maman Latifa, se sont d'abord succédés ce mercredi matin à la barre de la Cour d'assises spéciale pour rendre hommage à Imad Ibn Ziaten, premier militaire tué à Toulouse par Mohamed Merah, le 11 mars 2012.
Comme pour Samuel Sandler, père et grand-père de victimes tués à l'école juive de Toulouse le 19 mars, ou Albert Chennouf, père d'Abel, un des militaires tués à Montauban, la famille a raconté comment ils ont vécu ce dimanche 11 mars 2011.
Leur particularité, tragique ? Les enquêteurs ont d'abord pensé à un crime de droit commun et suspecté Imad Ibn Ziaten d'être victime d'un réglement de compte lié à un trafic de drogue. Au commissariat, "on a été traités comme des suspects" a confié la maman Latifa.
Ils ont surtout témoigné que l'Islam qu'ils pratiquent eux-mêmes est une religion de paix. Selon la famille Ibn Ziaten, l'islam décrit à l'audience par Abdelkader Merah n'est pas leur religion, c'est une "secte" comme l'a dit Lafita Ibn Ziaten.
Ils ont aussi tour à tour rendu hommage à Imad Ibn Ziaten que l'on entend sur la vidéo enregistré par Merah, refusant de se mettre à genoux pour mourir. "Il est mort debout et depuis, je suis sur les routes" a rappelé Latifa Ibn Ziaten, en larmes, en référence à l'association qu'elle a créé pour lutter contre la radicalisation.Dans cet assassinat, il y a des armes de feu et des armes de haine lentement distillées comme un poison contre l'humanité. Leur Coran est falsifié (Ikram Ibn Ziaten)
Très discrète dans les médias depuis les attentats de 2012, la famille de Mohamed Legouad, abattu à Montauban, a suivi l'ensemble du procès, serrée l'un contre l'autre, attentive, concentrée.
Ses soeurs ont témoigné de la vitalité d'esprit et l'engagement de leur frère, le "petit dernier de la famille", mort à 23 ans. Mais elles ont aussi insisté, comme la famille Ibn Ziaten, sur la grande différence entre la religion qu'ils pratiquent et celle au nom de laquelle les actes terroristes sont commis.
Leur islam, ce n'est pas une religion, c'est une couverture pour l'autre religion qui s'appelle le terrorisme (Alem Legouad)
"Ces gens étaient en guerre et on ne le savait pas. Je découvre cette autre religion alors que je suis musulmane, franco-algérienne" a ajouté sa soeur Radia, qui dit avoir voulu prendre la parole parce que pendant 5 ans elle n'a entendu "que le nom de l'assassin et pas ceux des victimes". "Le jihad, a-t-elle ajouté, c'est un combat, mais c'est un combat intérieur contre la haine".
"Moi aussi j'avais un "petit frère" (NDLR : en référence à la manière dont Abdelkader Merah nomme Mohamed Merah devant la Cour), mais j'étais fière de mon petit frère parce qu'il représentait la France, il ne tuait pas des enfants".
Une soeur dévastée par la peine et l'émotion car elle a appris durant le procès que lors de l'attentat de Montauban son frère, blessé, avait rampé pour tenter d'échapper à la mort, avant d'être achevé.
Avant de conclure au sujet de Mohamed Merah : "Ce n'est pas possible qu'un gars de 23 ans ait fait cela tout seul".