Trois jours après l'agression de pompiers dans le quartier Pissevin, à Nîmes, victimes de jets de coktails molotov, l'émotion est toujours vive. Une délégation a été reçue cet après-midi par le Préfet. Les pompiers demandent des mesures de protection.
Bruno Mougeot est sapeur-pompier volontaire au centre de Nîmes depuis 1989. Soit une trentaine d'années de carrière. Les conditions d'intervention dans les quartiers dit "sensibles" ont évolué.
Crachat, jet de cailloux puis tir et cocktail molotov
"Elles ont beaucoup changé. Avant, on était un peu dirigé par les habitants du quartier pour nous indiquer les adresses. C'était plus un accompagnement. Aujourd'hui, petit à petit, il y a l'agression qui arrive sur le sapeur-pompier et la police.
On a de petits groupes qui montent dans la violence
On a de petits groupes qui montent dans la violence. Au départ ça partait du crachat, du jet de cailloux. puis, on a eu de gros incidents ces dernières années avec du tir et là du cocktail."
Agressé par une vingtaine de personnes
Dans la nuit du vendredi 7 au samedi 8 octobre, un équipage de trois pompiers a été agressé par une vingtaine de personnes à la ZUP Pissevin de Nîmes. Ils ont reçu des pavés et des cocktails Molotov sur le fourgon."On a été victime d'une énième tentative de meurtre. Après les balles que l'on a essuyées il y a trois ans, une ambulance a été victime de jets de cocktail molotov," s'indigne Patrice Cartagena, pompier et secrétaire adjoint du syndicat majoritaire Sud.Une énième tentative de meurtre
"Ça aurait pu entrer dans l'habitacle. Ça s'enflamme très rapidement. On aurait pu brûler à l'intérieur", témoigne Loïc Géraud, sapeur-pompier.
Jusqu'où irons-nous ? Peut-être qu'il faudrait un mort ...
"Jusqu'où irons-nous ? Peut-être qu'il faudrait un mort pour que les pouvoirs publics prennent à bras le corps ce phénomène," s'étonne Patrice Cartagena. "On aimerait avoir des patrouilles de police systématique mais le soucis, c'est que eux aussi sont en sous-effectif comme nous. Eux ne sont pas assez pour nous protéger et donc nous on est obligé d'y aller sans eux."
"La justice a un devoir de montrer l'exemple"
"On continue à y aller mais on est moins serein," précise Bruno Mougeot, le sapeur-pompier volontaire. "Abandonner, je ne pense pas. Mais, la justice, derrière, a aussi un devoir de montrer l'exemple. On croise des gens qui nous ont déjà menacés. On les recroise peu de jours après. Ces mêmes gens continuent leurs actes. tant qu'ils ne seront pas punis, ils ne mettront pas à l'abris et les gens qui habitent ces quartiers là et les services de secours ou les services de police."
Rencontre avec le Préfet
A leur demande, les syndicats de pompiers ont été reçus ce lundi après-midi en Préfecture du Gard. Une enquête administrative a été ouverte pour connaitre les circonstances. "Le protocole qui existe entre les pompiers et la police n'a pas pu être mis en place car les pompiers sont intervenus d'initiative immédiatement comme c'était leur devoir, leur déontologie sans prévenir les policiers qui sinon leur auraient dit de ne pas y aller car ils venaient d'être victimes d'un caillassage dans ce quartier,"explique le Préfet du Gard, Didier Lauga.
Les pompiers victimes de cette agression ont été mis au repos par leur direction.